Déficit public: pour Charles de Courson, "il est impossible de revenir aux 3% en 2027"

Mission impossible pour Michel Barnier? Nommé la semaine dernière, deux mois après les législatives anticipées, le Premier ministre doit former son gouvernement, passer l’épreuve du discours de politique générale sans être censuré, puis affronter le défi du budget à l’Assemblée nationale dans les prochaines semaines alors que l’état des finances publiques s’aggrave (5,6% du PIB de déficit public en 2024, 6,2% en 2025). Pour Charles de Courson, député Liot et rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, "il faut faire des économies justes et on n’échappera pas à quelques mesures justes sur les recettes". Mais, "pour cela, il faut avoir une majorité et c’est là le problème". Car dans un hémicycle très divisé, il va être difficile de convaincre largement…
"Une politique de redressement des finances publiques juste et courageuse, j’ai quelques doutes sur la possibilité que ça soit voté, explique Charles de Courson dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story. Le NFP avait fait un programme dont même certains membres se posent sur des questions sur le financement. Le RN a mis sous surveillance le nouveau Premier ministre. Donc quelle majorité peut se dégager pour une politique de redressement des finances publiques? C’est toute la question."
Charles de Courson cite comme pistes d’économies la limitation de l’apprentissage aux diplômes "les plus modestes" et une possible harmonisation des délais de carence et des indemnisations sur les arrêts de travail entre le public et le privé. Pour les recettes, faudra-t-il augmenter les impôts? "Oui, on n’échappera pas à un mix, mais la dominante doit être l’économie sur la dépense", souligne le député Liot, plus ancien élu à l’Assemblée nationale.
"Ce n’est pas avec 3 milliards que vous redressez les finances publiques"
La taxation des rachats d’action et des surprofits des entreprises énergétiques, envisagée par le gouvernement démissionnaire, semble faire "consensus" parmi les députés. Mais l’ensemble risque de rester insuffisant. "La taxation des rachats d’action, ça fait quelques centaines de millions d’euros donc peu de choses, et la taxation des surprofits des entreprises énergétiques, on nous avait annoncé 12 milliards puis 3 milliards et on est tombé à 600 millions et on serait peut-être à 1 milliard aux dernières nouvelles… Le gouvernement dit ‘autour de 2 milliards’. Mais avec la somme des deux, ce n’est pas avec 3 milliards que vous redressez les finances publiques", prévient le député Liot.
Et Charles de Courson ne voit pas comment la France pourra passer sous les 3% de déficit public en 2027. "Dans la situation politique actuelle, il est impossible de revenir aux 3% en 2027, ce qui est notre engagement, assure le rapporteur général du budget. Les efforts sont complètement démesurés, au regard de la composition de l’Assemblée nationale. Il semble que Michel Barnier va essayer d’obtenir un délai jusqu’en 2029. Mais je rappelle qu’il y a une élection présidentielle en 2027. Les engagements au-delà de 2026 sont un peu théoriques et suspendus au nouveau vote des Français. Le prochain président ou la prochaine présidente de la République dissoudra immédiatement pour essayer d’avoir une majorité stable."
En attendant, Michel Barnier va devoir être particulièrement habile… "Il n’a que quelques jours pour trancher, rappelle Charles de Courson. Après, il y aura un débat. Si on veut obtenir une majorité, il faut que chacun y mette du sien."