Inflation: le gouvernement est-il trop optimiste avec ses prévisions?

Sur un an, l'inflation a atteint 16,2% en grande distribution. - AFP
Difficile de croire qu’on va sortir comme ça de l'inflation. Le Haut Conseil des Finances publiques alerte sur les prévisions optimistes du gouvernement sur le taux d'inflation pour l'année 2023. La prévision gouvernementale est de 4,9% sur l'année contre 5,7%. Une baisse de 0,8 point de pourcentage qui parait trop rapide pour le Haut Conseil.
En effet, la France est engluée, comme une bonne partie de l'économie mondiale, dans une triple spirale: une sortie brutale du Covid-19 qui a relancé d’un coup la demande, la trop longue fermeture chinoise qui a suscité un choc d’offre et le conflit ukrainien qui a provoqué l’emballement des prix de l’énergie et du secteur alimentaire. Bref, une inflation censée être transitoire s’installe durablement et a même été amplifiée par les crises successives.
Une inflation qui risque de durer
Le dilemme du dentifrice, une fois que c’est sorti, c’est difficile de le faire rentrer. L’inflation est dans les tuyaux pendant encore de longs mois, même si elle va ralentir son rythme grâce aux boucliers énergétiques et autre outils anti-inflation du gouvernement qui ont été prolongés. Mais le niveau des prix va rester élevé, plus qu’avant crise et même si les prix arrêtent d’augmenter il est peu probable qu’ils redescendent.
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Pourtant on voit bien les prix des matières premières baisser. Si les prix ne baissent pas dans les rayons, c'est parce qu'il y a un effet décalage: si le prix du mégawattheure de gaz a, par exemple, été divisé par six en trois mois, il faut le temps que les fournisseurs écoulent les stocks achetés il y a trois mois.
Un effet salaire?
Ensuite parce que l’augmentation du coût des matières premières génère une hausse des revenus, comme les salaires. Quand les coûts diminuent, les salaires ne baissent pas pour autant. Le Smic par exemple, indexé, ne va pas baisser si l’inflation diminue et, même chose pour les indices de la fonction publique.
Certes, les produits où la composante en matière première est importante, il y a des chances que ça redescende sans difficulté (essence, gasoil, chimie). Mais quand il s’agit des services, du loyer d’un bar, de la main d’œuvre d’un restaurant ou la souscription à une assurance, c'est-à-dire quand les coûts sont peu volatils, les prix risquent de rester à un niveau élevé, quoi qu’il arrive.