"On ne va pas retourner aux prix d'avant": pourquoi l'addition va rester salée dans l'alimentaire

Pas d'accalmie à l'horizon sur le front de l'inflation. Les prix continuent d'augmenter dans les supermarchés. Selon LSA, l'hebdomadaire professionnel français spécialiste de l'industrie alimentaire et de la grande distribution, les prix des produits de grande consommation ont augmenté de 17,6% en avril 2023 par rapport à 2022. Et sur deux ans, l'inflation est de 21%.
Si tous les produits sont touchés, il existe des disparités, détaille dans "Apolline Matin", ce mercredi sur RMC et RMC Story, Yves Puget, directeur de la rédaction de LSA: "Les produits les plus chers, ce sont les plats cuisinés, avec +32% sur un an, la moutarde +31%, la viande surgelée +28% et les chips +27%. Il y a une ribambelle de produits qui malheureusement connaissent une inflation à deux chiffres".

Des prix qui ont baissé pendant huit ans
Tandis qu'Emmanuel Macron anticipe une situation compliquée jusqu'à la fin de l'été sur le front de l'inflation, Yves Puget fait la même prédiction mais prévient, les prix ne devraient pas baisser dans la foulée: "L'inflation progresse un peu tous les mois depuis un peu plus d'un an, de 0,5 à 1%, et ça va continuer au moins jusqu'à l'été. J'ai du mal à croire que les prix vont baisser. La question, c'est: est-ce qu'à la fin de l'été, ils vont au moins se stabiliser?".
Tout ça parce que pendant huit ans, avant cette période d'inflation, les prix ont baissé en France. "On est un pays pas cher par rapport à la moyenne européenne et c'est pour ça que la grande distribution était critiquée. Aujourd'hui, on est toujours moins cher que d'autres pays donc on ne va pas retourner aux prix d'avant", explique Yves Puget.
Ainsi, les Français auraient été les enfants gâtés de l'Union européenne concernant l'alimentation. "Une alimentation saine et le respect du développement durable, cela a un prix. Avant, il y a une illusion en France", rappelle Yves Puget, alors que l'alimentation représente en moyenne 14% du budget des ménages, "mais jusqu'à 40% pour les ménages les plus modestes".
Les premiers prix plébiscités
Point de satisfaction, les produits restent de qualité, assure Yves Puget: "On a une industrie agro-alimentaire et des agriculteurs de qualité. Si on peut, on trouve des produits de qualité en France et la sécurité alimentaire n'a jamais été aussi sure aujourd'hui".
Mais les Français ne peuvent plus, justement. Preuve en est, la hausse des ventes des premiers prix. "Les premiers prix, c'est 4% de part de marché, mais une croissance de 20% tous les mois", souligne Yves Puget, qui tempère sur les "packs familles" accusés par Foodwatch de ne pas être de si bonnes affaires. "De temps en temps, il y a de l'arnaque ou des erreurs mais en général, il y a de gros volumes, cela reste de bonnes affaires", assure-t-il, invitant à faire attention au prix au kilo tout de même.
Et il prévient, le gouvernement ne peut pas faire grand-chose pour accélérer la décrue des prix. "Bruno Le Maire a demandé des renégociationsmais pour l'instant, il n'a fait qu'une lettre d'intention et sa menace, si cela ne se fait pas, c'est de réunir tout le monde à Bercy. J'ai du mal à croire que Michel-Edouard Leclerc et d'autres soient émus d'être convoqués à Bercy. Et dans son courrier, Bruno Le Maire parle de négociations objectives, mais je ne connais pas ça. Des négociations, c'est un conflit d'intérêts de chaque partenaire", rappelle Yves Puget. Les Français semblent donc condamnés à subir l'inflation, au moins jusqu'à la fin de l'été.