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Inflation: une "maladie économique et sociale" selon le gouverneur de la Banque de France

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Dans "Apolline Matin" ce mardi sur RMC et RMC Story, Stéphane Pedrazzi revient sur les propos du gouverneur de la Banque de France sur l’inflation.

L’inflation est une "maladie économique et sociale". C’est le gouverneur de la Banque de France qui l’affirme, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron. Cette lettre, c’est une tradition depuis la seconde guerre mondiale. Tous les ans, le gouverneur de la Banque de France adresse un courrier au chef de l’Etat. Et cette année, le problème, c’est l’inflation, que le gouverneur François Villeroy de Galhau qualifie de "maladie".

Sur les causes de cette maladie, il rappelle que c’est lié, au départ, à l’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières. Mais ce n’est pas aujourd’hui ce qui l’inquiète le plus. La principale menace, selon lui, c’est la diffusion de cette inflation dans l’économie, notamment sur le prix des biens et services. Par exemple sur le prix d’une machine à laver ou sur le tarif de votre abonnement internet.

En termes de pronostic, puisqu’on parle de maladie, le combat va être difficile, estime la Banque de France. Elle anticipe une inflation encore élevée, aux environs de 4% à la fin de l’année. Et elle ne prévoit pas de retour à normale (c’est-à-dire proche de son objectif de 2%) avant la fin de l’année prochaine, voire début 2025.

Le bouclier tarifaire coûte trop cher et ne fait que repousser le problème

Pour combattre cette maladie, il faut un traitement fort, explique François Villeroy de Galhau, pour éviter que l’inflation ne s’installe durablement. Mais ce traitement, il est davantage "monétaire" que "budgétaire". Concrètement, ça veut dire que c’est du ressort de la Banque de France et donc de la Banque centrale européenne, qui gère la politique monétaire et qui a déjà relevé ses taux à cinq reprises depuis l’été dernier.

Le gouverneur est en revanche assez critique sur le bouclier tarifaire qui a été mis en place par le gouvernement. C’était nécessaire pour amortir le choc, mais ça ne fait que décaler la hausse puisque le bouclier ne pourra rester en place éternellement. C’est un peu comme si vous mettiez la main sur le couvercle de la cocotte-minute pour retenir la vapeur. Il y a forcément un moment où il faudra quand même la laisser sortir… En gros, c’est le message du patron de la Banque de France.

Et ce bouclier tarifaire coûte extrêmement cher, près de 50 milliards d’euros. Il faut absolument mettre un terme au quoi qu’il en coûte, estime la Banque de France, parce que ça creuse les déficits. Il faut stabiliser les dépenses publiques. Potentiellement, ça veut dire plus de réformes. Et mettre fin aux baisses d’impôts non financées. Concrètement, ça veut dire moins de cadeaux pour les plus riches.

Stéphane Pedrazzi