INFO RMC. Malgré les risques d'érosion et de submersion, l'immobilier de bord de mer cartonne

Les biens immobiliers situés en bord de mer, continuent de très bien se vendre même s’ils sont exposés à des risques d’érosions et de submersion marine. C’est ce que nous apprend un rapport de l’association conséquences et la start-up Callendar qui évalue à un million le nombre de parcelles de notre littoral qui seraient exposées aux risques d’érosions et de submersions marines.
Mais les conséquences de ces risques, on les voit déjà. Cette année dans le Finistère, à Treffiagat, face au recul du trait de côte, sept maisons, directement menacées par l’érosion côtière et la submersion marine, ont été rachetées par la collectivité pour être détruites. Des cas comme celui-là, on pourrait en voir de plus en plus d’ici 25 ans avec la multiplication des événements climatiques extrêmes et la montée des eaux.
30.000 parcelles directement menacées vendues les 4 dernières années
Et pourtant ça ne freine pas les acheteurs. Loin de là, même! Selon l’association Conséquence, sur les quatre dernières années, plus de 30.000 parcelles directement menacés d’ici 2050 ont été vendues et cela malgré le risque. Et surtout, selon Sylvain Trottier, le coordinateur de l’étude, elles se vendent à un bon prix.
“C’est vraiment l’extrême bord de mer qui est survalorisé par l’immobilier aujourd’hui. En moyenne, c'est 26% plus cher que les biens qui seraient à quelques centaines de mètres en retrait”, souligne-t-il.
Si ces biens sont plus chers, c’est qu’il y a de la demande. C’est ce que l’on peut constater au Grau-du-Roi, dans le Gard. C’est une ville construite sur une bande de terre entre la Méditerranée et les étangs. Elle est menacée à deux endroits par l’érosion côtière. Et d’après ce rapport, 621 logements qui ont été vendus entre 2020 et 2024 seront à risque en 2050.
"On le savait, mais ça ne nous a pas gêné"
Et pourtant, quand on discute avec les nouveaux propriétaires, ce risque semble trop lointain pour être inquiétant. Thierry, par exemple, a acheté un appartement à une centaine de mètres de la mer il y a un an et demi. “La plage à côté, la pinède derrière… Le rêve. Mais bon, on n’a pas pensé à l’érosion tout ça, ce n’est pas entré dans les critères. On le savait, mais ça ne nous a pas gêné. Je pense que ce n’est pas d’actualité dans l’immédiat, qu’il y a encore le temps”, souligne-t-il.
Les acheteurs sont donc au courant des risques au moment de la vente. Depuis une loi de 2023, le risque d'érosion doit être mentionné obligatoirement lors de l’achat. Le risque de submersion marine était déjà présent depuis 2003. Mais Isabelle Vallérian, conseillère immobilière dans la région, constate que ça ne rebute pas les acheteurs.
“Il y en a quelques-uns qui en parlent. Et puis pour beaucoup quand même ça ne va pas plus loin souvent. Ils sont au courant que la mer risque de monter. Mais après très sincèrement ça semble loin et on se dit qu’on a le temps d’en profiter”, pointe-t-elle.
Quelles stratégies des communes côtières face aux risques?
Beaucoup d’élus réfléchissent déjà à cette question d’adapter le littoral aux risques côtiers à venir. Chaque territoire à ses propres enjeux, et les solutions doivent être réfléchies au niveau local. Sur une partie du littoral de la Méditerranée, on redoute l’érosion côtière alors qu’on sait déjà que les départements de la Vendée, la Charente-Maritime, la Loire-Atlantique et le Nord seront le plus exposés aux risques de submersions temporaires.
Les communes développent déjà des stratégies adaptées en fonction de leurs territoires comme par exemple construire des digues pour casser les vagues. Mais tout ça, ça a un coût et ces communes ne se sentent pas assez soutenues financièrement par l’Etat comme le raconte Robert Crauste qui est maire du Grau-du-Roi, mais aussi vice-président de l'Association Nationale des Élus des Littoraux.
"On renvoie les villes du littoral à leur propre peine et ça, nous ne l’acceptons pas. C’est juste la double peine parce qu’à la fois, il faut travailler la vitalité de nos villes littorales, entretenir les crèches, les écoles… Donc si je dois consacrer mes moyens à la transition de mon littoral, je me retrouve dans la difficulté", appuie-t-il.
Aux côtés d’autres maires, Robert Crauste milite pour obtenir de l’Etat la création d’un fond financier pour accompagner les villes littorales dans leur adaptation au réchauffement climatique.