RMC
Économie
Exclusivité

Les Français se tournent de plus en plus vers la seconde main mais toujours avec quelques réticences

placeholder video
Vêtements, décoration, jouets… Les Français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l'occasion mais leurs envies se heurtent encore à de nombreux obstacles. Selon une étude Viavoice dévoilée ce dimanche par RMC, 27% des Français disent même ressentir de la fierté à consommer de la seconde main.

Acheter d’occasion n’est plus marginal. Selon une étude dévoilée ce dimanche par RMC, réalisée par l'institut Viavoice pour le collectif "On passe à la seconde", 49 % des Français aiment consommer de la seconde main, un chiffre porté par des motivations avant tout économiques et écologiques.

Mieux encore, 70 % déclarent vouloir augmenter leur part d’achats d’occasion dans les années à venir. Et pour certains, ce mode de consommation est devenu un véritable engagement personnel : 27 % des sondés affirment ressentir de la fierté à consommer de la seconde main.

Neuf soldé, low-cost, seconde main...

Cette dynamique reste toutefois freinée par des obstacles. Près de 62 % des Français estiment ne pas pouvoir acheter autant de seconde main qu’ils le souhaiteraient. En cause: la crainte d’une qualité insuffisante (44 %), l’absence de garantie (40 %), l’impossibilité de retourner les produits (35 %) et le manque de confiance dans l’hygiène (33 %).

"Entre le neuf en promotion, le très low-cost et la seconde main, beaucoup arbitrent en faveur du neuf, perçu comme plus rassurant et de meilleure qualité", explique ce dimanche sur RMC Ilfynn Lagarde, la porte-parole du collectif "On passe la seconde."

L'invité du jour : Ilfynn Lagarde - 15/06
L'invité du jour : Ilfynn Lagarde - 15/06
5:27

Dans le même temps, la fast fashion et fast-déco poursuit son expansion en France, incarnée par des géants comme Shein ou Action. Une concurrence féroce, souvent difficile à contrer pour les acteurs de la seconde main. "Dans certaines catégories, comme la décoration ou les luminaires, les plateformes ultra low-cost dépassent la seconde main. Les gens sont attirés par ces plateformes et les achats en quelques clics", déplore Ilfynn Lagarde.

Le Parlement veut encadrer la fast-fashion

Le Sénat a adopté mardi 10 juin une proposition de loi pour freiner l’essor de la fast fashion. Le texte doit encore être examiné en commission mixte paritaire à l’automne. "Ce timing n’est pas un hasard : notre opération ‘On passe à la seconde’ a été volontairement calée entre le vote du 10 juin et les soldes du 25 juin. On est pris en tenaille, symboliquement, entre deux modèles de consommation", développe Ilfynn Lagarde.

La loi prévoit notamment un système de bonus-malus pour les produits issus de plateformes d’ultra fast fashion, ainsi qu’un encadrement plus strict de la publicité et du rôle des influenceurs. Ceux qui feraient la promotion de ces marques pourraient encourir jusqu’à 100 000 € d’amende. "Il faut rappeler que 600 avions se posent chaque nuit en Europe avec des colis venus de Chine. C’est trois fois plus qu’il y a trois ans."

"Enlever ou réduire la TVA" des produits de seconde main

Parallèlement, l’étude montre que les Français attendent un soutien actif des pouvoirs publics pour changer leurs habitudes. 73 % sont favorables à des avantages fiscaux pour encourager l’achat d’occasion, et 72 % soutiennent l’idée de taxer les marques de fast fashion.

Réduire ou enlever la TVA sur la seconde main, Ilfynn Lagarde est pour. "Ces produits ont déjà été taxés une première fois. Et au-delà, il faut promouvoir les plateformes qui existent déjà et qui offrent des garanties, du retour, de la qualité", plaide-t-elle.

Alors que 84 % des Français déclarent vouloir faire de bonnes affaires, 80 % cherchent à acheter moins mais mieux, et 71 % privilégient des produits durables, le potentiel de la seconde main semble plus fort que jamais.

Léo Manson avec Tiphaine Dubuard