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Vignes à arracher, stocks à détruire: en crise, le vignoble bordelais alerte l'Etat

Les producteurs de vins de Bordeaux font face à un constat amer: ils n'arrivent plus à vendre autant qu'ils produisent. Pour eux, la seule solution, c'est d'arracher des pieds de vignes pour produire moins.

Dans la région de Bordeaux, les producteurs de vin font face à une grave crise de surproduction. Ils n’arrivent plus à écouler leur stock. Conséquence, les prix du vin vendu en vrac dégringolent, obligeant les viticulteurs à vendre à perte. Ces derniers demandent des aides de l'Etat pour arracher leurs pieds de vignes et ainsi mettre fin à la surproduction.

Le collectif Viti 33 demande notamment l'arrachage d'au moins 15.000 hectares de vignes. Dépité, Didier Cousinez déambule au milieu de ses vignes. Le porte-parole du collectif des viticulteurs de Gironde fait un constat sans appel: son vin n’attire plus.

“Qu’on fasse bon ou pas bon, on n'arrive pas à le vendre. Les gens boivent autre chose. Ils préfèrent la bière ou les sodas au vin", déplore-t-il.

Détruire les stocks et arracher des vignes pour survivre

La consommation de vin en France a été divisée par trois en 60 ans. Les viticulteurs bordelais produisent donc plus qu’ils ne vendent. Une surproduction dramatique. “Ça fait plus de 10 ans qu’on vit en-dessous du seuil de rentabilité. Moi, j’ai très peur qu’il y ait des drames familiaux, des drames humains. Il y en a déjà qui parlent de suicide”, alerte-t-il.

Un constat que dresse aussi Stéphane Héraud, viticulteur et membre du conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux.

“On cumule tout un tas d’éléments qui font qu’on est passé d’une crise conjoncturelle à une crise structurelle aujourd’hui, explique-t-il dans 'Apolline Matin' ce lundi sur RMC et RMC Story. On a des viticulteurs dans l’ensemble de la France qui sont effectivement en danger, avec aussi des sinistres climatiques depuis quelques années. Et puis, il y a cette baisse de la consommation et donc une surproduction avec des viticulteurs qui n’arrivent plus à vendre leur produit. On a rencontré le ministre de l’Agriculture, on va le revoir aujourd’hui. On a besoin d’aide, de mesures conjoncturelles d’urgence et notamment, même si c’est une catastrophe pour un viticulteur, de détruire ces stocks qui sont aujourd’hui invendables alors que la récolte 2023 va arriver bientôt et que les chais des viticulteurs aujourd’hui en France sont pleins.”

Les représentants de la filière proposent d’arracher 10% du vignoble bordelais. Stéphane Gabard, président de l’appellation Bordeaux-Bordeaux Supérieur, assure que c'est la seule solution pour faire baisser la production et que les prix remontent.

“On espère que le gouvernement nous entendra. Ce sont 4.000 viticulteurs, mais aussi 80.000 emplois derrière. Il faut arriver à redynamiser cette filière en l’assainissant”, appuie-t-il.

Les viticulteurs espèrent une aide de l’Etat, jusqu’à 10.000 euros par hectare de vignes arrachées.

Nicolas Ropert avec Guillaume Descours