Pouvoir d'achat: les prix des produits vendus par la grande distribution baissent-ils vraiment?

Rentrée délicate pour la grande distribution. En août, les prix des produits de grande consommation ont baissé pour le troisième mois consécutif (-0,8%), selon les chiffres de l'INSEE publiés vendredi dernier. La hausse des prix ne dope donc plus le chiffre d'affaire des enseignes de la grande distribution, qui se préparent à une fin d'année compliquée.
Cette baisse des prix donne des sueurs froides aux distributeurs, car même si les prix baissent, il restent à des niveaux très élevés. Les clients restent donc frileux au moment de remplir leur caddie. Ils achètent moins et ils achètent différemment: plus de circuits courts, plus de livraisons de repas à domicile par exemple, c'est autant de chiffre d'affaire en moins pour les enseignes, explique Philippe Moati, co-fondateur de l'Observatoire Société Consommation.
Ce spécialiste de la grande distribution prédit même que certaines habitudes pourraient s'ancrer dans la durée: "On n'avait jamais connu ça, une période longue maintenant, qui s'étire sur plusieurs années, pendant lesquelles on voit les quantités de produit achetées par les consommateurs qui diminuent, comme une sorte de déconsommation."
"La baisse des volumes, ça veut dire qu'on a fait aussi un peu le ménage dans ce qu'on achète. On a enlevé un peu de superflu. On s'est recentré sur l'essentiel, et ça ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la grande distribution", ajoute-il.
Dans cette mauvaise passe, c'est le groupement Leclerc qui s'en sort le mieux, avec une part de marché qui ne cesse de grimper. L'expert y voit le succès de magasins indépendants gérés par des patrons qui connaissent le terrain et qui s'adaptent à leur clientèle, sans la pression des actionnaires.
Une baisse pas encore suffisante pour les consommateurs?
Mais ces prix baissent pour l'instant dans des proportions moindre par rapport à l'inflation. Cette dernière s'élève à 1,8% selon les chiffres de l'INSEE. Ce qui explique pourquoi "le mouvement est significatif mais pas forcément perceptible pour les consommateurs", a commenté Michel-Edouard Leclerc, invité du Face-à-face d'Apolline Matin, ce lundi, sur RMC et BFMTV. Le président du Comité stratégique des centres Leclerc a assuré "tout faire pour que les prix baissent".
"Il faut que l'on aille chercher de vraies baisses. La baisse de l'inflation n'est pas la baisse des prix", a-t-il résumé.
Michel-Edouard Leclerc a ajouté "qu'il n'y aura de perception d'un changement de pouvoir d'achat que lorsqu'on verra ces produits moins chers que les années précédentes", promettant "des baisses significatives" dans les prochains mois.