Nutri-score: "Les industriels ne doivent pas utiliser l'argument santé pour augmenter leurs prix"

Une vaste étude, publiée ce mercredi 11 septembre, conclut que la consommation d’aliments moins bien classés par le Nutri-score est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, principale cause de mortalité en Europe occidentale. Un total de 345.533 participants d'une cohorte européenne (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition), répartis dans sept pays d'Europe, ont été inclus dans les analyses.
Chez les consommateurs, se référer au Nutri-score est quasi-devenu un réflexe. Pour Suzanne, consomamatrice interrogée par RMC à Bordeaux, le Nutri-score est bel et bien un indicateur qui permet au consommateur de choisir entre deux produits équivalents. Même si toutefois, le prix reste dans la balance. "Si c’est vraiment plus cher, je vais peut-être pencher pour un Nutri-score moins bon", reconnaît-elle.
"Rééquilibrage du portefeuille en promotion", demande la CLCV
Un Nutri-score plus mauvais mais un produit moins cher, c’est aussi ce que les distributeurs prennent l’habitude d’afficher dans leur promotion, alerte la CLCV, association de consommateur. Celle-ci a relevé que parmi les produits en promotion, 41% sont notés D ou E.
"Ce qu’on demande simplement, c’est un rééquilibrage du portefeuille en promotion, qu’il y ait moins de produits D ou E et qui correspondent un peu plus à ce qui compose un repas et pas seulement le catalogue de l’apéritif et du grignotage", souhaite François Carlier, délégué général de l'association.
Le professeur Serge Hercberg, "père du Nutri-score", partage cette inquiétude. "Il y a un marketing très fort en termes de prix. Il faut absolument pousser les industriels pour qu'ils n'utilisent pas l'argument santé pour augmenter leur prix", appelle-t-il ce mercredi sur RMC, dans Charles Matin.
Les industriels ne jouent pas le jeu quand le produit est mal noté
Une étude qui utilise la nouvelle formule du Nutri-score, qui a évolué depuis le 1er janvier dernier, rappelle le nutrionniste. Justement, ce nouvel algorithme a provoqué le déclassement de certains produits, à l'instar des yaourts à boire de chez Danone. Conséquence, le géant de l'industriel a décidé de retirer l'étiquetage des produits en question. Il en a le droit car le Nutri-score n'est pas obligatoire.
"C'est choquant et décevant", déplore Serge Hercberg, qui évoque des sociétés "qui font marche arrière à partir du moment où les règles du jeu scientfique ne les satisfaient pas".
"On a la crainte de voir de plus en plus d'entreprises se désengager" du Nutri-score, confie Serge Hercberg
A l'instar de la CLCV et de FoodWatch France, qui a lancé une pétition récemment après la décision de Danone afin d'inciter les industriels à afficher le Nutri-score sur tous leurs produits, Serge Hercberg prône une réglèmentation européenne qui instaurerait l'obligation.
Règlementation européenne manquante
"Si l'UE ne prend pas les décisions à cause des lobbys, il faudrait que les Etats prennent le risque d'un contentieux avec l'Europe mais défende la santé publique et le rendre obligatoire", explique-t-il.