Taxe foncière: "C'est simple", Robert Ménard explique comment les maires peuvent ne pas l'augmenter

En dix ans, la taxe foncière - payée par les propriétaires immobiliers - a augmenté de 37,3%, entre 2014 et 2024, avec une accélération à partir de 2018 en raison de l'indexation de la valeur locative sur l'inflation et non plus sur un coefficient défini en fonction de l'évolution des loyers, rapporte l'Observatoire national des taxes foncières.
Parmi les 50 plus grandes villes françaises, Paris reste celle qui a connu la plus forte hausse de taxe foncière entre 2014 et 2024: +87,9%. Mais son taux de taxe foncière, de 21,2%, est le troisième plus faible du panel. En moyenne en 2024, les communes ont fixé à 40,7% leur taux de taxe foncière, ce qui équivaut à environ 2,4 mois de loyers.
Une part décidée par l'Etat et une autre par la commune
"C’est un choix : une partie de son augmentation est décidée par l’État — on n’y pouvait rien, c’est en fonction de l’inflation. Et ensuite, il y a la partie décidée par le maire : moi, j’ai décidé de ne pas l’augmenter", fait valoir ce jeudi sur RMC Robert Ménard, maire DVD de Béziers.
Cette hausse nationale généralisée de la taxe foncière, de nombreux maires l'imputent à a disparition de la taxe d'habitation, payée par l'ensembles des habitants d'une commune, locataires comme propriétaires: "C'est des bêtises, des conneries", balaie Robert Ménard. "La taxe d'habitation a été remboursée à l'euro près", assure l'élu qui a trouvé la parade pour ne pas augmenter la taxe foncière.
"C’est simple: on peut faire des économies sur l’investissement, mais il ne faut pas le faire. Donc, on les fait sur le fonctionnement de la mairie. Et principalement, les dépenses de fonctionnement, c’est le personnel. Ce sera pareil pour l’État — le débat, on finira bien par l’avoir", poursuit l'élu au micro des Grandes Gueules.
Moins d'administration et plus de policiers
Le seul moyen de faire des économies importantes au niveau d’une ville, d’un département, d’une région ou de l’État, c’est le nombre de fonctionnaires. À Béziers, chaque fois que quelqu’un part à la retraite, on se pose une question toute bête : “Est-ce qu’il est indispensable ?”, revendique Robert Ménard. "On a diminué les effectifs de la ville de 10 %. Dans le même temps, on a embauché plus d’une centaine de policiers. On a pu réduire les effectifs."
Le maire l'assume, "c'est moins confortable" mais adopte un discours fataliste. "Comment faut-il faire autrement ? Ce n’est pas miraculeux, c’est tout simple : il faut avoir un peu de suite dans les idées, il faut avoir un peu de courage."
"On a dépossédé les maires de leurs pouvoirs, notamment celui de lever l’impôt. On a trop de pouvoir à Bercy, et pas assez ailleurs, sur les questions fiscales", abonde la chroniqueuse des GG Flora Ghebali. "Les gens votent aux municipales parce qu’ils connaissent leur maire et l’aiment bien, mais ils ne savent pas vraiment sur quoi il a la main. On devrait être capables de dire : “La ville me coûte tant, la région me coûte tant, et l’État me coûte tant", estime-t-elle.
Les municipales poussent les maires à ne pas trop l'augmenter
Trop de strates et trop de désir de pouvoir de la part des élus, répond Robert Ménard. "Normalement, chacun a ses compétences. Le département gère tout le social, et l’agglomération et la ville ont d’autres domaines. La “compétence générale”, c’est par exemple quand un département n’a pas en charge la culture mais peut quand même y contribuer. Mais comme tous les élus veulent donner de l’argent aux associations sportives, aujourd’hui, c’est un foutoir complet."
En attendant, les municipales approchent à grands pas et se dérouleront en mars 2026. Et à l'approche du scrutin, on observe généralement peu d'augmentation du tu taux de la taxe foncière. Elle n'a été que de 1,7% en moyenne en 2025 dans les 200 plus grandes villes françaises, rapporte ainsi l'Observatoire national des taxes foncières.