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"La maman sera toujours défavorisée": pourquoi certains pères ne prennent pas leur congé paternité

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Malgré son extension à 28 jours, dont 7 obligatoires, le congé paternité n'est pas toujours pris dans son entièreté par les papas à la naissance de leur enfant.

Le congé paternité a la cote. En 2021, avec son passage à 28 jours, 67% des pères l'ont pris dans son entièreté pour s'occuper de leur nouveau-né, contre 62% en 2013. Mais ils sont encore trop nombreux à ne pas en profiter dans sa totalité.

Depuis la réforme de 2021, 7 jours sont obligatoires et doivent être pris immédiatement après la naissance. Pour le salarié, ces 7 jours se composent d’un congé de naissance de 3 jours financé par l’employeur et de 4 jours de congé paternité et d’accueil de l’enfant indemnisés par la sécurité sociale. Le reste, 21 jours, n’a pas de caractère obligatoire. Mais attention, si le salarié le demande, l’employeur ne peut pas s’y opposer. C’est donc l’employé qui décide.

"Bien élever nos enfants, ça commence dès qu'ils sont tout petits"

"C'est important pour le père d'être là dès le départ", assure ce jeudi, sur RMC et RMC Story, Nicolas, qui va être papa dans une semaine. "On a un devoir, c'est de bien élever nos enfants et ça commence dès qu'ils sont tout petits et c'est important de bien commencer notre vie à trois", ajoute-t-il expliquant n'avoir eu aucun problème à demander son congé paternité malgré une activité professionnelle renforcée à cette époque de l'année.

Congé paternité : faut-il obliger les pères à s’arrêter 28 jours ? - 17/10
Congé paternité : faut-il obliger les pères à s’arrêter 28 jours ? - 17/10
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Pour autant ils sont encore nombreux donc à ne pas prendre leur congé paternité dans leur entièreté: "Les pères veulent retourner au travail privilégier leur carrière, c'est la stricte représentation de ce qu'est la société patriarcale", note l'économiste Pierre Rondeau sur le plateau d'Estelle Midi. "On va considérer que le père n'a besoin que de 28 jours, qu'il prend s'il veut, parce qu'il doit travailler et ramener de l'argent et la mère a plus de jours parce qu'elle doit s'occuper du foyer", estime-t-il, déplorant le "côté archaïque" de la France.

Pour Jérôme Lavrilleux, prendre son congé paternité en entièreté devrait "être obligatoire". "Le papa et l'entreprise ne devraient pas avoir le choix. Si on continue de laisser le choix au papa, la maman, dont c'est obligatoire, sera toujours défavorisée dans sa carrière", anticipe-t-il.

Carton plein chez les fonctionnaires

Entre 2013 et 2021, la hausse de demande de congé paternité a touché toutes les catégories professionnelles. La plus grosse progression concerne les travailleurs indépendants: les chiffres sont passés de 32% à 46% en huit ans. Cela reste toutefois moins d'un père sur deux.

La situation professionnelle demeure l’un des facteurs les plus discriminants du non-recours: les travailleurs indépendants et les salariés aux contrats plus précaires prennent en effet plus rarement un congé de paternité.

Le congé paternité est beaucoup plus utilisé par les salariés en contrat stable, comme par exemple les fonctionnaires ou les pères en CDI dans le secteur public, puisque 91% d'entre eux font valoir leur droit.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC