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"Même métier, mêmes règles!": grève des coiffeurs qui manifestent contre les "barber-shop" non-déclarés

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Journée de mobilisation ce lundi 30 juin pour les coiffeurs. Ils sont en colère notamment contre les "barber-shop" qui, selon eux, ne respectent pas tous le code du travail et tirent les prix vers le bas. Leur union nationale appelle à descendre dans la rue ce lundi après-midi à Paris.

Les coiffeurs sont en grève! Les mobilisations sont pourtant rares dans cette profession mais ce lundi après-midi, ils manifesteront place de la République à Paris. En ligne de mire de l’Union nationale des entreprises de coiffure, syndicat organisateur de la mobilisation, certains salons et "barber-shop", qui ne respecteraient pas le Code du travail. Une concurrence déloyale qui tire les prix vers le bas alors que les Français vont de moins en moins chez le coiffeur.

L'invité de Charles Matin : Les coiffeurs manifestent contre les barber shops - 30/06
L'invité de Charles Matin : Les coiffeurs manifestent contre les barber shops - 30/06
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"Nous, on paye de la TVA, eux, je ne suis pas sûre..."

En 35 ans de carrière, dont 26 à la tête de son propre salon de coiffure, c’est la première fois que Sylvie fermera son établissement pour manifester.

Avec ses salariées, elle partira ce lundi midi de Rouen pour rejoindre Paris. “Ça devient compliqué. On essaye de garder les postes de nos employés absolument en place. Les charges tombent de plus en plus”, souffle-t-elle.

Et pour elle, il y a un autre responsable: le barber shop. Une concurrence qu’elle juge déloyale.

"Le prix est divisé par trois ou quatre. Nous on paye de la TVA, eux je ne suis pas sûre qu’ils en paient beaucoup vu qu’ils ne doivent pas tout déclarer”, souligne-t-elle.

Un changement de réglementation européenne en 2023 qui change tout?

"On ne vise pas que les barber-shop, on vise toutes les entreprises qui ont décidé d'entreprendre de façon illégale, de façon un peu sauvage et qui ne sont pas déclarés", nuance Christophe Doré, coiffeur basé en Normandie et président de l'Union nationale des entreprises de coiffure sur RMC.

La profession était réglementée depuis 1946. Jusqu'à juillet 2023, pour ouvrir un salon de coiffure, il fallait un brevet professionnel. Puis une directive européenne est venue assouplir cette réglementation. Désormais, c'est beaucoup plus simple. Il suffit d'avoir un CAP ou trois ans d'exercice sur le sol européen. Un allègement de la réglementation que dénonce vigoureusement Christophe Doré.

"On ne demandait rien et encore une fois l'Europe est venue assouplir quelque chose qui fonctionnait bien. Donc comprenez bien la grogne de notre profession", lance le président de l'Union nationale des entreprises de coiffure.

Concurrence déloyale à cause de prix "cassés"?

Christophe Doré explique que l'on voit ainsi dans le pays un grand nombre de salons qui fleurissent depuis 2023, et même dans le milieu rural. "Le gouvernement s’était engagé à des contrôles pour faire en sorte que tout le monde respecte la réglementation", regrette-t-il avant d'évoquer ce qu'il estime être le prix "juste" à ses yeux.

"Aujourd’hui, le prix pour un coiffeur pour homme doit se situer entre 25 et 30 euros. En dessous, ça pose question. La coiffure, c’est 20% de TVA. Donc, à 10 euros, quand vous avez 20% de TVA ça pose un questionnement", juge-t-il sur RMC.

"Même métier, mêmes règles!", lance-t-il.

"A un moment, c'est le découragement, l’agacement et des entreprises qui ferment"

C’est pourquoi la profession réclame principalement plus de contrôles. Le seul moyen selon eux de sauver la filière.

"On se retrouve aujourd’hui avec des entreprises en difficulté, sans trésorerie. La seule solution à un moment, c'est le découragement, l’agacement et ces entreprises-là qui ferment", pointe Guillaume D'Artois, coiffeur en Normandie.

Selon le syndicat, le nombre de postes salariés en salon de coiffure est historiquement bas. Moins de 100.000 cette année soit une baisse de quasiment 10% en quatre ans.

Thiphaine Dubuard avec Guillaume Descours