"On va fermer": le cri de détresse d’un boulanger qui "n’arrive plus à payer les salaires"

Le cri de détresse d’un artisan. Franck, boulanger dans le Tarn-et-Garonne et auditeur RMC, a témoigné dans Apolline Matin sur RMC et RMC Story sur les difficultés générées par les hausses de prix depuis de nombreux mois. Alors que le débat s’est installé sur la nécessité d’augmenter les bas salaires, il s’attend lui à devoir mettre la clé sous la porte.
"Il y a des incohérences dans ce qu’on nous demande, explique-t-il après avoir appelé au 3216. On subit de plein fouet des augmentations, d’abord les matières il y a un an et demi, puis l’énergie tous les six mois. Cela fait plusieurs années que j’ai ma société et je me prends 1.200 euros de salaire, et je bosse entre 12 et 15 heures par jour. Je veux bien augmenter mes salariés mais je ne peux plus les payer."
"On va fermer, assure ce boulanger. J’ai le bilan qui arrive, je ne peux pas payer les salaires. Au mois d’août, j’ai fermé le magasin pendant une semaine. J’ai deux employés, un à plein temps et un à mi-temps, et un apprenti. Moi, j’ai pris cinq jours de vacances. Je suis revenu le week-end pour faire des pièces-montées, j’avais du boulot. Fin août, on ne pouvait pas payer les salaires. On s’est séparé d’un employé en CDD. Pour payer ses indemnités, on a fait un crédit à la banque. On ne s’en sort plus. J’ai des collègues qui font des crédits de trésorerie pour payer l’énergie. On va où? Ça sert à quoi?"
"Je consacre ma vie à l’entreprise et je n’arrive pas à me rémunérer"
Franck risque donc de devoir tourner la page, à court terme. "Je ferai autre chose, je me suis déjà reconverti une fois, confie-t-il. Boulanger, ce n’est pas mon métier initial. Je serai plus heureux comme salarié, ailleurs, à part que je bosserai pour quelqu’un d’autre. Là, j’appréciais, j’avais la qualité de vie de travailler pour moi. Mais j’ai perdu en pouvoir d’achat, en temps de loisirs, en tout… Je consacre ma vie à l’entreprise et je n’arrive pas à me rémunérer."