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Attentat de Moscou: "Les JO sont évidemment une cible potentielle" selon Wassim Nasr

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Après l’attentat à Moscou qui a fait 137 morts vendredi soir, revendiqué par l’Etat islamique, la France a relevé le niveau du plan Vigipirate à "urgence attentat", à quatre mois des Jeux olympiques de Paris.

L’État islamique frappe Moscou. Au moins 137 personnes ont perdu la vie vendredi soir dans une attaque au Crocus City Hall revendiquée par le groupe terroriste, avec sa branche Khorassan, du nom d’une région historique en Asie centrale. "Compte tenu de la revendication de l'attentat par l'Etat islamique et des menaces qui pèsent sur notre pays, nous avons décidé de rehausser la posture Vigipirate à son niveau le plus élevé: urgence attentat", a indiqué le Premier ministre Gabriel Attal sur le réseau social X à l'issue d'un conseil de défense à l'Elysée. "La revendication de l'attentat de Moscou provient de l'État islamique au Khorassan. Or, cette organisation menace la France et a été impliquée dans plusieurs projets d'attentats récents déjoués dans plusieurs pays d'Europe, dont l'Allemagne et la France", a précisé Matignon.

"La France n’a jamais cessé d’être une cible, souligne Wassim Nasr, journaliste de France 24, chercheur au Soufan Center New York et auteur de "Etat Islamique, le fait accompli", sur RMC ce lundi. Elle fait partie des cibles prioritaires en tout cas de l’Etat islamique. Il y a eu l’attaque d’Arras, l’attaque de la tour Eiffel. Et avant cela, Bruxelles. Tout ça, c’était l’Etat islamique, il y a quelques mois. Après, il faut faire la différence entre susciter une action terroriste, pousser quelqu’un à l’action, et une équipe projetée." Et pour cet attentat à Moscou, les terroristes semblent être originaires du Tadjikistan.

"Là-bas, c’est facile d’avoir de l’armement, et on oublie souvent que l’Etat islamique a beaucoup recruté dans les anciennes républiques soviétiques, explique Wassim Nasr. Il y a 12 ans, j’avais travaillé sur le djihad familial. C’étaient des familles entières, des clans entiers, qui avaient quitté ces pays-là pour aller vivre en Syrie sous le règne de l’Etat islamique. Le problème avec la Russie est ancien. La Russie a été attaquée plusieurs fois par l’Etat islamique."

L'invité du jour : Wassim Nasr - 25/03
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"Dès qu’il y a une ouverture, ils en profitent"

C’est cette région d’Asie centrale qui inquiète les services de renseignement. "Il y a plusieurs attentats qui ont été déjoués avec des ressortissants de ces mêmes anciennes républiques soviétiques, qui ont été missionnés par cette branche de l’Etat islamique qui est basée en Afghanistan, assure Wassim Nasr. Le Khorassan, c’est le nom historique de cette région qui comprend l’Afghanistan, le Pakistan, une partie des anciennes républiques soviétiques, et une partie de l’Iran. C’est cette branche-là qui a aujourd’hui les capacités de missionner des gens pour faire des attentats en Europe, en Russie, mais pas seulement. Le dernier grand attentat en Iran, c’était eux aussi."

L’État islamique peut donc s’appuyer sur ce foyer dans la zone afghane. "Plusieurs attentats ont été déjoués en Europe et en France. C’est une menace constante. Cette fois-ci, pour Moscou, ils y sont arrivés. L’État islamique profite des brèches géopolitiques, la guerre en Ukraine, la guerre à Gaza... Dès qu’il y a une ouverture, ils en profitent. Ils ont leur propre agenda. Quand on n’est pas trop concentré sur eux, ils en profitent", prévient Wassim Nasr, qui confirme que les Jeux olympiques de Paris sont "évidemment une cible potentielle".

"C’est un évènement international, olympique, donc tous les yeux du monde regardent. En 2016, l’équipe des attentats de Bruxelles devait normalement s’attaquer au tournoi de foot qui allait se dérouler à Paris (l’Euro, NDLR). Et évidemment, tous les services européens, américains, surveillent cet évènement. Les Américains ont prévenu les Russes (de la menace d’un attentat ces derniers jours, NDLR), malgré le gros contentieux en Ukraine. Les Américains ont aussi prévenu les Iraniens avant l’attentat en Iran. Poutine ne l’a pas prise au sérieux, mais on ne sait pas si ses services l’ont prise au sérieux. Prévenir, c’est une chose. Mais après, est-ce que les services qui ont été prévenus sont en capacité d’arrêter l’attentat? En Russie, le 7 mars, l’attentat a été déjoué. Le deuxième, ils n’ont pas réussi."

LP