Chute d'al-Assad en Syrie: la classe politique mitigée, l'extrême droite craint un "déferlement migratoire"

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, le 14 septembre 2024 à Paris - Ludovic MARIN / AFP
La classe politique française était mitigée dimanche 8 décembre après la chute du dictateur syrien Bachar al-Assad, saluant une "bonne nouvelle" mais s'inquiétant de l'avenir du pays sous contrôle des islamistes, tandis que l'extrême droite brandit le spectre d'un "déferlement migratoire" en Europe.
"Un dictateur est tombé" et "c'est une bonne nouvelle", a déclaré la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, au Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat. Mais "il faut absolument éviter qu'il y ait une déstabilisation plus importante encore de la région".
Le président de la République Emmanuel Macron s'est félicité que "l'État de barbarie" soit "tombé" en Syrie avec la chute du président Bachar al-Assad, tout en soulignant que la France resterait "engagée pour la sécurité de tous" dans la région.
"L'État de barbarie est tombé. Enfin", a salué le chef de l'État sur le réseau social X, rendant "hommage au peuple syrien, à son courage, à sa patience". "Dans ce moment d'incertitude, je forme pour lui des voeux de paix, de liberté et d'unité", a-t-il ajouté. "La France restera engagée pour la sécurité de tous au Moyen-Orient", a-t-il poursuivi, au regard des risques d'instabilité entourant ce changement de régime.
Prudence
Même appel à la prudence de François Hollande. L'ex-président socialiste a jugé dans un communiqué que "les premières déclarations du principal dirigeant (des rebelles) sont encourageantes", en attendant de "savoir ce que les mouvements qui ont renversé Bachar al-Assad, et dont certains étaient regardés comme des organisations terroristes, feront de leur victoire".
"Je me réjouis à 100% de la chute du régime d'al-Assad en Syrie. Je me méfie à 100% des nouveaux maîtres du pays. J'espère à 100% que des élections libres sous contrôle international redonnent aux Syriens leur pouvoir démocratique", a également commenté sur X le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.
Bardella craint un "déferlement migratoire" après la chute de Bachar al-Assad
L'extrême droite française brandit, elle, la menace d'un déferlement migratoire dans l'UE. "Dans quelques mois, il est possible que nous payions les conséquences de cette prise de pouvoir des fondamentalistes islamistes par des flux migratoires importants", a commenté le président du RN Jordan Bardella, appelant l'Union européenne et ses 27 pays membres à "anticiper le risque d'un déferlement migratoire, où pourraient se glisser des terroristes islamistes".
Des arguments repris presque mot pour mot par son allié Eric Ciotti (UDR), qui a prédit sur le réseau social X "un chaos aux conséquences incalculables, notamment migratoires pour l'Europe". Même tonalité chez Eric Zemmour (Reconquête!), qui estime que "cette nouvelle instabilité risque de laisser un nouveau califat islamique s'installer dans la région".
Réactions qui contrastent avec les messages envoyés par les rebelles islamistes syriens eux-mêmes: durant leur offensive éclair ces dix derniers jours, ils ont en effet appelé les différentes communautés religieuses et minorités du pays "à être rassurées". Ce qui a plutôt suscité des espoirs de retour parmi les millions de réfugiés ayant fui le pays depuis le début de la guerre civile en 2011.