Emmanuel Macron au Maroc: contrats, immigration... les enjeux de la visite du chef de l'Etat

Début ce lundi d’une visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc. Trois jours de voyage officiel, avec pas moins de neuf ministres dans ses bagages. Objectif, renouer des liens forts avec le royaume alors que les relations étaient refroidies jusqu’à cet été. Il sera question de contrats économiques bien sûr, mais aussi d’immigration.
Fin 2022, la France avait réduit de moitié l’octroi des visas pour pousser le Maroc à accorder des laissez-passer consulaires et reprendre les délinquants sous OQTF.
Emmanuel Macron et son épouse seront accueillis en fin d’après-midi sur l’esplanade du Palais royal. Une cérémonie XXL pour un déplacement XXL. Cette visite d’Etat doit “marquer la nouvelle ambition pour les 30 ans à venir de la relation franco-marocaine”, indique l’Élysée.
Et qui dit ambition, dit contrats économiques. Deux séquences seront consacrées à la signature d’accords. Mobilité, énergie, transition écologique… Des contrats d’envergure sont attendus. Emmanuel Macron emporte avec lui plusieurs dizaines de grands patrons et le dîner d’Etat, ce mardi, sera l’occasion de trinquer à ces accords, même si le sujet migratoire, plus irritant, s’invitera au menu.
Emmanuel Macron arrive avec neuf ministres dont Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, qui compte bien demander au Maroc de mieux coopérer pour récupérer ses ressortissants sous OQTF sans trop agiter, encore, la menace sur la délivrance de visas.
Car même si cette "crise des visas" est derrière nous, beaucoup se heurtent encore à des refus. De quoi entretenir le ressenti d’une partie de la société marocaine à l’égard de la France.
"Cette crise a blessé des gens"
Un mois après son refus de visa, Mohamed parcourt encore avec regret et fierté son dossier. “J’ai toutes les certifications de formation, le baccalauréat, les diplômes… Il ne manque rien. Et ça, c’est le refus de visa”, décrit-il.
Dossier “trop faible” pour seule réponse. Dur à encaisser pour ce technicien de 25 ans dans les ascenseurs. Un CDI l’attendait déjà en région parisienne. “Je suis prêt, je veux améliorer mon expérience. Ce n’est pas normal”, déplore-t-il.
C’est surtout incohérent pour Rachid Zerouali, patron franco-marocain qui vient recruter ici au Maroc ce type de profils dans le secteur de l’ascenseur.
“C’est du gâchis quand même pour un métier qui est en tension en France. Actuellement, on a une trentaine de chantiers qui sont en attente de livraison et on n’a personne pour les faire”, déplore-t-il.
Obtenir un visa reste plus simple pour les ingénieurs dont s’occupe Fatiha Trari. Mais la restriction drastique des visas il y a deux ans, pour obliger le Maroc à reprendre ses ressortissants sous OQTF, a laissé des traces. “Cette crise a blessé des gens. Vous avez des directeurs de sociétés qui ont demandé des visas pour partir en voyage, rencontrer des gens, et ça leur a été refusé. C’est contrariant, nous on aime la France”, indique-t-elle.
Elle espère donc que cette visite d’Etat ne sera pas troublée par de nouvelles menaces de restrictions.