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"Les OQTF exécutées à Paris ont augmenté de 60%", assure le préfet de police Laurent Nuñez

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A Paris, l'exécution d'OQTF (Obligation de quitter le territoire français) a augmenté de 60% par rapport à l'année précédente, assure le préfet de police Laurent Nuñez sur RMC-BFMTV. Elles restent cependant faibles, alors que l'obtention de laissez-passer consulaires reste un problème pour les autorités.

La préfecture de police de Paris ne prend pas à la légère les OQTF. "C'est un sujet sur lequel on s'investit énormément", explique ce jeudi sur RMC et BFMTV le préfet de police de Paris Laurent Nuñez. Après l'émotion provoquée par le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans tuée par un Marocain en situation irrégulière sous le coup d'une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), Laurent Nuñez reconnaît que l'exécution de ces OQTF est "un problème important", pris au sérieux par les autorités.

"A Paris, depuis le début de l'année, le nombre d'OQTF exécutées a augmenté de 60%. Gérald Darmanin nous avait demandé de veiller à ce que l'on puisse exécuter ces OQTF. Aujourd'hui, cela représente 700 personnes éloignées contre 450 personnes l'année passée à la même période", défend Laurent Nuñez.

Pourquoi toutes les OQTF ne sont pas exécutées?

Un chiffre "insuffisant", reconnaît tout de même le préfet de police de Paris qui explique que seules 10% des OQTF sont exécutées. "On ne peut pas éloigner l'ensemble des personnes sous OQTF", concède le fonctionnaire.

D'abord, il manque des places en CRA (Centre de rétention administrative), ces centres où sont enfermées les personnes sous OQTF en attente de leur expulsion. Autre problème, la difficulté à obtenir les laissez-passer consulaires. Car pour renvoyer un étranger dans le pays dont il a la nationalité, il faut l'accord des autorités dudit pays. Et ces autorisations prennent parfois du temps à obtenir.

Face à Face : Laurent Nuñez - 17/10
Face à Face : Laurent Nuñez - 17/10
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En absence de ces laissez-passer, les personnes sous OQTF restent en CRA et embolisent les places, une difficulté supplémentaire pour les autorités: "Il faut fluidifier les places en CRA", plaide Laurent Nuñez.

"C'est pour ça que Bruno Retailleau a fait des annonces très fortes et très claires et a annoncé son souhait d'avoir des accords bilatéraux avec des pays qui prévoient une forme de réciprocité avec des sanctions quand ces laissez-passer ne sont pas attribués", explique le préfet de police de Paris. Des sanctions qui pourraient aller d'attributions de visas en moins, d'aides au développement moindres ou l'instauration de nouvelles sanctions douanières.

Les places réservées aux "plus dangereux"

Aujourd'hui, sont placés dans les CRA les étrangers en situation irrégulière et sous OQTF "qui sont les plus dangereux", connus des autorités pour des faits graves explique Laurent Nuñez. "Au moins, les individus considérés comme dangereux peuvent rester plus longtemps en CRA".

Condamné pour un premier viol, le meurtrier de Philippine, qui venait d'être libéré, devait être expulsé et avait été placé en CRA en attente de la délivrance d'un laissez-passer consulaire par le Maroc. Mais faute de réception de ce papier, un juge des libertés et de la détention avait fini par le faire ressortir du CRA où il se trouvait le 3 septembre, avec une obligation de pointage et une assignation à résidence dans un hôtel de l'Yonne où il ne s'était jamais présenté.

Le 6 septembre, le Maroc avait enfin envoyé le laissez-passer consulaire permettant son expulsion. Mais l'homme était déjà dans la nature à ce moment-là, avant de s'en prendre à Philippine le 21 septembre.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC