RMC
International

Guerre au Liban: jusqu’où peut aller Israël?

placeholder video
Alors qu’Israël affirme avoir lancé une opération terrestre "limitée" dans le sud du Liban, le Hezbollah dément toute incursion.

Israël dit avoir débuté ce lundi soir une opération terrestre contre le Hezbollah au sud du Liban. Le Hezbollah, lui, a démenti ce mardi qu'une incursion israélienne au sol soit en cours dans le sud du Liban, et assuré qu'aucun "affrontement direct" n'avait opposé ses combattants à l'armée israélienne. Plus tôt, l’Etat hébreu avait confirmé ce que les Américains nous apprenaient ce lundi soir. C’est l’échec des dizaines d’appels à un cessez-le-feu, à ne pas lancer d’invasion du Sud Liban. L’échec de la diplomatie, de la voix de l’allié, Washington mis devant le fait accompli… Les Américains ont été "informés" par Israël.

Peu de temps avant, Tsahal annonçait l’établissement d’une "zone militaire fermée", autour de trois localités, Metoula, Misgav Am et Kfar Giladi. Il s’agit en fait d’une zone israélienne, à la pointe nord, presqu’enclavée dans le Liban. C’est de cette zone que l’on a entendu les premiers tirs d’artillerie. Côté libanais, l’armée a repositionné des troupes dans le sud du pays. L’affrontement semble désormais inéluctable. Le conflit entre donc dans une nouvelle phase.

La bataille n’est pas encore finie, disent les dirigeants israéliens. "L’élimination de Nasrallah est une étape importante mais ce n’est pas la dernière contre le Hezbollah, assure Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense. Nous utiliserons toutes les capacités dont nous disposons. Nous emploierons tous les moyens nécessaires, des forces maritimes, aériennes et terrestres."

Le Canada et Le Royaume Uni annoncent l’évacuation de leurs ressortissants. Quelque 23.000 Français ou Franco-Libanais vivent au Liban. La France déploie un navire militaire par "précaution". Dans le même temps, les frappes aériennes se poursuivent. Même sur Beyrouth, dans sa banlieue sud que Tsahal appelait à évacuer ce lundi soir.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Matthieu Belliard : Liban, Israël amorce l'offensive terrestre - 01/10
3:31

Le Liban, un mauvais souvenir pour Israël

Le Liban, c’est un mauvais souvenir qui se rappelle à Israël. A la frontière israélo-libanaise, les chars Merkava se massent. Ces engins avaient été inaugurés par Tsahal lors de la guerre de 2006. Une guerre de 33 jours contre le Hezbollah, déjà. Un échec à éliminer la menace de l’organisation chiite. Hassan Nasrallah revendiquait alors une "divine victoire". C’est précisément de l’échec de cette guerre que serait issue la doctrine actuelle. Viser la tête du Hezbollah, couper les communications, agir vite. D’autant que dans le même temps, les combattants islamistes se sont aguerris avec l’aide de la Russie, de l’Iran et avec de l’entraînement en conditions réelles en Syrie.

L’objectif, c’est le retour, chez elles, des populations israéliennes du nord du pays. Des populations qui vivent sous la menace permanente du Hezbollah. Israël veut donc sécuriser la zone et démanteler les infrastructures, les armements de l’organisation islamiste. Il y a plusieurs hypothèses. La plus simple: des raids militaires éclairs, sans doute ce que l’on vit en ce moment, avec des objectifs militaires précis et inatteignables par les airs, notamment des tunnels. Une invasion pourrait permettre de sécuriser une zone tampon à la frontière. Se débarrasser et éloigner l’ennemi qui, s’il devait reculer, verrait la portée de ses roquettes réduite.

Jusqu’où peut aller Israël? Cela dépendra de la résistance des milliers d’hommes du Hezbollah. On peut aussi imaginer une dernière hypothèse avec une percée jusqu’à Beyrouth… Ce n’est pas l’option la plus probable. C’est la guerre la plus profonde et la plus dure. Le bilan humain serait lourd. Une telle intervention permettrait d’atteindre les quartiers généraux du Hezbollah, couper ses liens avec la Syrie. La Syrie affirme avoir également été visée par Israël, la nuit dernière, par une frappe à Damas.

Matthieu Belliard