Mort d'Hassan Nasrallah: "Les Libanais sont divisés" selon une spécialiste du Hezbollah

Considéré comme l'homme le plus puissant du Liban, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a été tué dans une frappe israélienne sur Beyrouth vendredi. Un coup dur pour l'organisation pro-iranienne et peut-être un tournant dans l'histoire du Liban.
Sur place, pour l'instant, les Libanais sont divisés, alors qu'Israël continue de bombarder le pays et a mené lundi de nouvelles frappes aériennes au cœur de Beyrouth. "Ils sont divisés, même dans le deuil et la guerre", explique ce lundi sur RMC et RMC Story Sofia Amara, grand reporter spécialiste du Moyen-Orient, co-autrice d'une série sur le Hezbollah.
Et la mort d'Hassan Nasrallah ne fait pas exception. "Les Libanais sont divisés quant à la personnalité de Nasrallah et sur le sujet du Hezbollah qui est accusé par une partie de la population d'avoir pris en otage le pays, et ce n'est pas nouveau", poursuit-elle.
"Hassan Nasrallah était au pouvoir, à la tête du Hezbollah depuis 32 ans. Il a décrété des guerres tout seul, imposé la paix tout seul, quand il le décidait. Avec d'autres politiciens, il a participé au délitement de l'Etat libanais sur lequel il s'est nourri et qu'il a vampirisé", explique Sofia Amara.
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Un "demi-dieu" pour ses soutiens
"Hassan Nasrallah a du sang de Libanais, d'Israéliens et de Syriens sur les mains. Il a participé aux côtés de Bachar Al-Assad (le dictateur syrien, ndlr) à écraser dans le sang une révolution syrienne au départ démocratique et pacifique. Il a martyrisé la population libanaise et menacé ceux qui s'opposaient à lui. Des chiites comme lui ont été assassinés parce qu'ils s'opposaient par le verbe au Hezbollah", détaille-t-elle.
Une partie donc de la population libanaise est "soulagée, mais si elle ne le dit pas officiellement et publiquement".
"Quant à l'autre partie, rattachée, proche et partisane du Hezbollah, dont une frange chrétienne, elle déplore (la mort de) cet homme qu'elle considère comme un demi-dieu", ajoute la grand reporter.
La France "inaudible" au Liban
La frappe israélienne de vendredi, qui a littéralement rasé le centre de commandement du Hezbollah où se trouvait Hassan Nasrallah, "ne s'est pas préparée en quelques mois". "Elle arrive à la veille de la commémoration des massacres du 7-Octobre qui va rappeler aux Israéliens les faillites du Mossad et du gouvernement israélien", explique Sofia Amara.
Après la mort d'Hassan Nasralah, c'est Hachem Safieddine, son dauphin, qui serait prêt à prendre la relève. Adoubé par l'Iran, condition sine qua non pour diriger le Hezbollah, il est également affilié à la famille d'un puissant chef iranien.
S'il est incertain, l'avenir du Liban devrait se faire sans la France. "La France est inaudible, elle s'est discréditée au lendemain de l'explosion du port de Beyrouth", assure Sofia Amara. Après l'explosion, c'est Emmanuel Macron en personne qui s'était rendu au Liban: "Il a beaucoup promis sans rien faire puis il a essayer d'imposer aux Libanais un président trop proche du Hezbollah".
Malgré tout, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot est arrivé dimanche soir à Beyrouth. Sur place, il doit "échanger avec les autorités locales et apporter un soutien français, notamment humanitaire".