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Interprète afghan de l'armée française: "J'ai travaillé pour vous, mon sort ne vous intéresse plus"

Témoignage RMC - D'anciens interprètes afghans de l'armée française manifestent ce mardi à Paris. Ils sont 250 à avoir aidé les soldats français pendant l'intervention en Afghanistan jusqu'en 2014. RMC a rencontré l'un d'eux, Ahmad, dont la demande de visa avait été refusée.

Au total, ils sont 250 interprètes afghans à avoir aidé l'armée française lors de l'intervention en Afghanistan jusqu'en 2014. Une centaine ont pu obtenir des titres de séjour. Mais 130 sont encore sur place, menacés de mort par les talibans qui les considèrent comme des traîtres.

La France leur refuse des visas. Une vingtaine d'entre eux ont donc choisi de fuir pour sauver leur famille. C'est la cas d'Ahmad que RMC a pu rencontrer. Il est arrivé en France il y a 5 mois, après un long périple sur la route des réfugiés.

Pendant 1 an, Ahmad a été le traducteur anglophone des soldats tricolores. Mais sa demande de visa a été refusée et les talibans ont menacé de le tuer: "Quand ils attrapent un interprète, ils lui coupent la tête. Pour eux nous sommes des espions".

Séparé de sa femme et de deux de ses enfants en Bulgarie

En janvier 2016, avec sa femme et leurs trois garçons, Ahmad a donc pris le chemin de l'exil. Pendant la traversée entre la Turquie et la Grèce, le bateau a coulé, mais Ahmad a réussi à sauver sa famille. Plus tard en Bulgarie, il a été séparé de sa femme et ses deux plus jeunes enfants. Il est arrivé en France seulement avec Chadi, 7 ans: "J'ai demandé de l'aide à la France, j'ai travaillé pour vous, mais mon sort ne vous intéresse plus", raconte-t-il, amer.

Ahmad a déposé une demande d'asile, Chadi est inscrit à l'école. Expulsés de Bulgarie, la femme et les deux autres garçons de Ahmad ont dû, eux, rentrer en Afghanistan.

P.B. avec Céline Martelet