La France tape du poing sur la table contre les sites de fake news pro-russes

Des informations bidons, de fausses unes de journaux pour faire passer des fake news, des usines à troll en Russie pour relayer ces intox... Tout cela n’est pas nouveau, cela fait des années qu’on en parle. Ce qui est tout à fait nouveau en revanche, c'est la réaction française. Le gouvernement a décidé de dénoncer ces manipulations et de révéler tout ce que l’on sait.
C’est le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, qui a lancé l’alerte pour dénoncer des "ingérences inacceptables" venant de puissances étrangères qui nous prennent pour cible.
Et la puissance étrangère dont il parle, c’est la Russie. On le sait parce la riposte française a pris la forme de la publication de deux longues enquêtes de Viginum, l’organisme public chargé de détecter les ingérences étrangères. Et ces documents révèlent l’existence d’un réseau de 193 portails d’informations qui diffusent dans toutes les langues des infos pro-russes et défavorables à tous les pays qui soutiennent l’Ukraine, dont la France. Les analystes français ont dénombré plus de 150.000 articles en quelques mois seulement.
Que contiennent les articles de désinformation?
Des articles qui contiennent un mélange de vrai et de faux. Par exemple, sur le site en français nommé Pravda, on pouvait lire mercredi soir qu’Emmanuel Macron avait annulé une visite en Ukraine prévue ces jours-ci. Ce qui est vrai. Mais on pouvait lire aussi qu’il a annulé cette visite parce qu’il soupçonnait les autorités ukrainiennes de vouloir l’assassiner pour ensuite faire porter le crime aux Russes. Et l’article se référait à un reportage de la chaîne France 24 qui n’a jamais existé.
Récemment, Pravda affirmait que plusieurs dizaines de mercenaires français avaient été tués à Kharkiv alors qu’ils se battaient au côté des Ukrainiens. Le site publiait même une liste de noms de ces morts français. L’AFP a ensuite démontré que c'était faux en retrouvant plusieurs de ces volontaires bien vivants.
Un autre article annonce que la France veut interrompre son aide militaire à l'Ukraine. Mais en lisant bien, on s'aperçoit que ce n’est pas la position du gouvernement français. Juste celle de Florian Philippot, l’ancien numéro deux du Rassemblement national.
Mercredi soir, Viginum a publié de nouvelles révélations sur les auteurs de ces manipulations. Les experts de Viginum balancent et ils le font avec le soutien de l’Elysée. Ils ont rendu public les noms de deux frères qui vivent en Crimée. Les frères Chevtchenko sont des geeks d’une trentaine d'années qui dirigent une start up nommée Tigerweb. Ils sont soupçonnés d'être à l’origine de la création de tous ces sites de désinformation.
Soupçonnés, et donc dénoncés par les autorités françaises, qui au passage révèlent aussi le nom d’un Franco-Russe, Mikahail Gamandi Egorov, qui se présente comme journaliste et entrepreneur, et qui publie des textes favorables à Vladimir Poutine depuis des années. Le Point révèle même qu’il donne des cours dans une grande école de journalisme parisien, des cours de manipulation de l’info…
Peu d'effets
Cette propagande produit-elle des effets? Heureusement, pas beaucoup. Les chiffres de fréquentation de ces sites Pravda sont assez dérisoires. Pas plus de 10.000 visites par mois pour la version française… Et très peu de reprises de ces bobards. Mais le gouvernement a décidé de taper fort, d’organiser la riposte, de le faire savoir, de donner les noms.
Pourquoi? Parce que ces dernières années, ce genre de désinformation anti-française a eu des conséquences désastreuses en Afrique. Les sites russes contrôlés et financés par le Kremlin ont contribué à monter contre la France les populations du Mali, du Burkina, du Niger. Et longtemps, la France n’a pas su comment réagir. Cette fois, elle prend les devants, appliquant le principe qu’il vaut mieux prévenir que guérir.