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Massivement bombardées, ce que l'on sait de l'état des installations nucléaires iraniennes

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La résurgence du conflit entre l'Iran et Israël entre dans son sixième jour. Israël qui vise tout particulièrement les installations nucléaires iraniennes. Plusieurs sites ont déjà été touchés, dont des sites d'enrichissement d'uranium.

C’est l’objectif numéro un de l’armée israélienne: les installations nucléaires iraniennes. Cette nuit encore, le régime israélien a affirmé avoir frappé des sites de production de centrifugeuses qui servent à enrichir l’uranium.

Depuis vendredi dernier, les frappes les plus lourdes ont visé Natanz, au centre du pays. C’est le principal site d’enrichissement d’uranium. Selon l’Agence internationale de l'Énergie Atomique, l'AIEA, des "impacts directs" ont touché non seulement les bâtiments en surface, mais aussi des salles souterraines. Ces installations abritent des milliers de centrifugeuses.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Le dossier compliqué par Matthieu Belliard : Guerre/Iran, où sont les installations nucléaires ? - 18/06
3:05

Point chaud également: Ispahan. On n’y enrichit pas directement l’uranium, mais on le prépare. On y trouve un laboratoire de chimie nucléaire et une usine de fabrication de combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran. Ces installations sont en surface et donc plus vulnérables. Plusieurs d’entre elles ont été touchées.

Quel danger?

Mais alors n’est-ce pas dangereux de viser ainsi des installations nucléaires? C’est en tout cas une préoccupation de l’AIEA. Mardi, son directeur général a rappelé l’inquiétude qui était la nôtre avec la guerre en Ukraine et la centrale de Zaporijia. Cibler des infrastructures et risquer le dommage radioactif, bien sûr, ça le préoccupe.

“Pour la deuxième fois en trois ans, nous assistons à des affrontements dramatiques entre deux États membres de l’AIEA. Les installations nucléaires sont la cible de tirs et la sûreté nucléaire est compromise. L’AIEA ne restera pas les bras croisés. Nous devons agir et nous allons le faire pour contribuer à éviter un accident nucléaire qui serait susceptible d’entraîner des conséquences radiologiques imprévisibles”, a-t-il souligné.

On a aussi appris que la question inquiète le Qatar. L’Émirat annonce surveiller la radioactivité des eaux du Golfe tous les jours.

Un autre site visé par Israël en Iran, celui de Fordo. On est là à 200 kilomètres au sud de Téhéran. Une infrastructure enterrée sous la montagne, à 80 mètres de profondeur. Aucun dommage majeur n’y a été observé pour le moment. Il faut dire que l'installation de Fordo est protégée par plusieurs couches de béton quasiment inatteignable sans armement américain spécialisé, du type bombes à pénétration massive.

Vers une implication directe des Etats-Unis?

Les États-Unis disposent de munitions conçues pour cela: les GBU-57, des bombes dites anti-bunker. On parle d'une bombe de plus de 13 tonnes capable de percer jusqu'à 60 mètres de béton armé. Ces munitions doivent être larguées depuis des bombardiers B-2 ou B52. Des appareils américains.

Jusqu'ici, rien ne dit qu'Israël pourra compter sur ces armes américaines. Washington soutient Israël. Les Etats-Unis déploient des moyens militaires dans la région. Le porte-avions USS Nimitz a quitté la mer de Chine pour rejoindre le Moyen-Orient. L’armée américaine multiplie les vols de surveillance. “Nous contrôlons complètement l’espace aérien iranien”, affirme Donald Trump. Le vice-président JD Vance a lui évoqué “des mesures supplémentaires”.

Mais une implication directe divise aux Etats-Unis notamment au sein de la majorité trumpiste. Mardi soir, la chaîne américaine CBS affirmait que Donald Trump n’exclut plus une participation militaire américaine. Le site d’informations Axios évoquait un échange avec le Premier ministre israélien cette nuit. Pour le moment, Donald Trump se contente d'affirmer qu'il souhaite une "fin réelle" des projets nucléaires de l'Iran.

Israël affirme avoir sérieusement endommagé les installations nucléaires de la République Islamique. Mais plusieurs analystes restent prudents. Il y a donc le problème des installations en sous-sol. Il y a aussi la crainte que l'Iran transfère désormais ses stocks d’uranium déjà enrichi vers des sites secrets.

Neuf scientifiques liés au programme nucléaire iranien auraient été tués. Une stratégie d’élimination ciblée, qui vise à affaiblir non seulement les installations, mais aussi les cerveaux qui les font fonctionner ou qui pourraient les relancer.

Matthieu Belliard