Misogyne, autoritaire... qui est Travis Kalanick, le fondateur d'Uber?
Travis Kalanick, le fondateur de la société de VTC Uber, est au centre d’une enquête d’un consortium de médias, "Uber files". Celle-ci révèle notamment sa proximité avec Emmanuel Macron. La première rencontre entre les deux hommes date du 1er octobre 2014. C'était le jour de l'entrée en vigueur de la loi Thévenoud, dite “loi taxi”. Celle-ci allait marquer la fin du service Uber Pop.
À l’époque, François Hollande et ses principaux ministres étaient tous très hostiles à Uber qui risquait de tuer la profession de taxi. Tous très hostiles sauf un, Emmanuel Macron, tout nouveau ministre de l'Economie.
En sortant de cette première rencontre, les dirigeants d’Uber ont envoyé un mail. “Meeting méga top avec Emmanuel Macron, après tout la France nous aime. On va bientôt danser”. Ces mails sont révélés par une enquête menée par 42 journaux dont Le Monde et Radio France qui ont eu accès à 124.000 documents de la start-up américaine.
On y apprend aussi que Travis Kalanick et Emmanuel Macron se sont rencontrés quatre fois et leurs équipes 17 fois, que le ministre de l’Économie a été, selon Le Monde, “plus qu’un soutien, quasiment un partenaire”. Sans doute parce qu’Emmanuel Macron était favorable à toutes les dérégulations et à la philosophie d’Uber. Il était également assez fasciné par le parcours de Travis Kalanick qui, comme lui, avait moins de 40 ans.
Ecarté de Uber en 2017
Travis Kalanick avait pourtant déjà une réputation sulfureuse. Il avait l’image d’un flibustier, qui dès ses débuts à San Francisco était passé en force. Une image d’homme autoritaire, dominateur et macho. Il a consacré des sommes folles pour faire espionner une journaliste qui enquêtait sur la culture Uber. Une “culture bro”, c'est-à-dire masculiniste et misogyne.
Travis Kalanick plaisantait facilement sur ces nombreuses conquêtes féminines “à gros seins”. Il avait aussi été filmé en train d’insulter violemment un chauffeur qui avait osé lui dire qu’il était mal payé.
Son histoire a été racontée dans une série à succès, intitulée “La face cachée d’Uber”. Il y apparaît comme un jeune homme incroyablement cynique. Mais il parait que la réalité est pire que la fiction. Finalement, en 2017, il a été écarté de sa propre entreprise, après avoir présenté des excuses pour son management brutal.
Il a revendu ses parts dans Uber pour environ 500 millions de dollars. Et a recréé une start-up dans le domaine de la livraison de repas. L’histoire ne dit pas s’il a gardé le numéro de portable d'Emmanuel Macron.