Regain de tension entre la Chine et les Etats-Unis autour de Taïwan: que se passe-t-il?
La tension monte autour de Taïwan. Mardi, la Russie a accusé les Etats-Unis de "déstabiliser le monde", tandis que la Chine a assuré que Washington devrait "payer le prix", d'une possible visite à Taïwan de la présidente de la chambre américaine des représentants Nancy Pelosi.
"Washington déstabilise le monde. Pas un seul conflit réglé dans les dernières décennies, mais plusieurs provoqués", a assuré sur son compte Telegram la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. "Les Etats-Unis devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine", avait assuré peu auparavant Hua Chunying, une porte-parole de la diplomatie chinoise.
Pourquoi Pékin se crispe?
Pour Pékin et son acolyte russe, la visite de Nancy Pelosi, seconde dans l'ordre protocolaire pour la succession du président américain après la vice-présidente, est une "provocation". Car la Chine considère toujours l'île comme une partie de son territoire à réunifier, par la force si nécessaire, malgré environ 70 ans de séparation.
Les 23 millions de Taïwanais vivent sous la menace constante d'une invasion de la Chine, cette crainte s'étant renforcée depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, qui a fait de la réunification une priorité.
Pourquoi la Russie s'en mêle?
De plus en plus isolée sur la scène internationale depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et souffrant économiquement des sanctions occidentales, la Russie s'efforce de se rapprocher de la Chine.
Ces déclarations sonnent comme un retour à l'envoyeur pour Moscou, que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, accusent de déstabilisation avec son offensive militaire contre l'Ukraine.
Que disent les Etats-Unis?
Pour les États-Unis, Nancy Pelosi "a le droit de visiter Taïwan". C'est ce qu'a martelé lundi John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche pour les questions stratégiques. "Il n'y a pas de raison pour que Pékin fasse de cette visite, qui ne déroge pas à la doctrine américaine de longue date, une forme de crise", a-t-il ajouté.
Face à face entre avions chinois et navires américains
Mais sur le terrain, la tension est à son comble. La Chine "semble se positionner afin de faire potentiellement un pas de plus dans les prochains jours", a poursuivi John Kirby : cela "pourrait inclure des provocations militaires comme des tirs de missiles dans le détroit de Taïwan ou autour de Taïwan" ou encore "d'importantes incursions aériennes" dans la zone d'identification de défense aérienne de cette île, a estimé lundi John Kirby.
Et dès mardi matin, plusieurs avions de chasse chinois ont volé près de la ligne de démarcation du détroit de Taïwan, selon l'agence Reuters. Dans le même temps, quatre navires de guerre américains étaient positionnés à l'est de l'île.
Le porte-avions USS Ronald Reagan se trouve actuellement dans la mer des Philippines, à l'est de Taïwan et des Philippines et au sud du Japon, a confirmé à Reuters un responsable de la marine américaine.
Le gouvernement Taïwanais silencieux
De son côté, le gouvernement taïwanais s'est abstenu de tout commentaire quant à une éventuelle visite de Nancy Pelosi. Le Premier ministre Su Tseng-chang n'a pas confirmé la visite mardi lorsque les journalistes lui ont posé la question, mais a remercié Mme Pelosi pour son soutien.
En attendant, Nancy Pelosi est arrivée lundi en Malaisie, après une visite à Singapour. Elle doit se rendre ensuite en Corée du Sud et au Japon. Si la présidente de la Chambre des représentants venait bien à se rendre à Taïwan, elle serait la plus haute responsable américaine à visiter l'île depuis son prédécesseur Newt Gingrich en 1997.