Retraites: contrairement à la France, l’Espagne fait passer une réforme sans manifestations

Il existe un pays qui vote sans manifestations le départ à la retraite à 67 ans et une hausse des cotisations: l’Espagne. Et c’est un gouvernement de gauche, en plus, qui réussit ce tour de force. Avec une méthode radicalement différente, il faut le constater, de celle choisie par le gouvernement d’Elisabeth Borne en France.
La réforme a d’abord été négociée par les socialistes avec la formation de gauche radicale Podemos, leur allié au sein de la coalition au pouvoir, et a été aussi discutée avec les partenaires sociaux et soutenue par les principaux syndicats de travailleurs.
Elle met davantage à contribution les revenus les plus élevés et les entreprises, donc la critique de l’injustice de la réforme ne tient pas.
L’Espagne avait déjà entériné le report de l’âge de départ, la Grande-Bretagne renonce
A la différence de la France, la réforme des retraites paraissait vraiment urgente en Espagne. Cette réforme était l'une des principales contreparties exigées par la Commission européenne en échange de l'octroi des fonds du méga plan de relance européen, dont l'Espagne est l'un des principaux bénéficiaires avec 140 milliards d'euros.
Contrairement à la France, le texte ne touche pas en revanche à l'âge légal de départ à la retraite qui doit passer progressivement à 67 ans en 2027, en vertu d'une réforme entérinée en 2011 sous un précédent gouvernement socialiste. Et là, l’Espagne est en avance sur la France.
Le report de l’âge de départ, c’est vraiment la pilule plus dure à faire avaler. La preuve, le gouvernement conservateur britannique vient de renoncer à accélérer la mise en oeuvre de la retraite à 68 ans. Motif: les gains d'espérance de vie ont ralenti ces dernières années.