"Symbole d'ingénierie", le plus grand pont du monde va relier l'Italie à la Sicile d'ici 2032

Le “Ponte sullo stretto”. C’est comme ça qu’on l’appelle en Italie. Littéralement “le pont sur le détroit”. Mais dit comme ça, on ne se rend pas bien compte de l’ampleur du projet. Ce pont, qui va relier la Sicile à l’Italie, sera tout simplement le plus grand pont suspendu du monde. Il va enjamber le détroit de Messine. Relier la Calabre, la pointe de la botte italienne, à la Sicile qui, dans quelques années donc, ne sera plus une île.
Le gouvernement italien a donné son feu vert pour lancer le chantier. et ça devrait aller vite, les travaux doivent débuter entre septembre et octobre. Annonce ce mercredi 06 août de Matteo Salvini, vice-Premier ministre italien aussi ministre des Infrastructures.
"Symbole d'ingénierie"
Le projet est titanesque: au total 3.700 mètres pour une partie suspendue de 3.300 mètres. Un record mondial puisqu’il va détrôner le pont suspendu du détroit des Dardanelles en Turquie.
Ce pont sera conçu avec deux paires de câbles tendus autour de deux tours de 400 mètres de haut. Au centre, 2 voies ferrées et 3 voies de circulation de chaque côté. Le tout conçu pour résister aux vents violents et aux risques sismiques. Giorgia Meloni, la Première ministre italienne, parle d’un “symbole d'ingénierie de portée mondiale". Alors forcément, ça a un coût: 13.5 milliards d’euros.
Le pont doit être achevé d’ici 2032. Mais ça fait des décennies qu’on en parle. L’idée de construire un pont entre le continent et la Sicile remonte même à l’Antiquité, c’était le rêve des Romains! En réalité, les premiers plans sont établis en 1969 et puis en 2001, le projet commence à se concrétiser sous l’impulsion de Silvio Berlusconi. Abandonné, relancé, puis de nouveau abandonné, tout cela au gré des campagnes électorales.
23 milliards d’euros de PIB
Cette fois c’est confirmé, sous l’impulsion du gouvernement italien actuel qui voit ce pont comme un booster économique. D’abord il va faire gagner du temps. Chaque heure, 6.000 voitures et camions pourront traverser le pont, 200 trains également. Soit moins d’une demi-heure pour faire le trajet qui se fait aujourd’hui en ferry.
Concrètement, le projet de construction doit générer, selon le journal Les Echos, plus de 23 milliards d’euros de PIB. Ainsi que créer plusieurs dizaines de milliers d’emplois, 100.000 à plus long terme, dont pourront bénéficier la Calabre et la Sicile, deux régions pauvres en Italie.
Et puis la Sicile abrite une base de l’OTAN. Un argument utilisé par Giorgia Meloni. Et ce n'est pas inutile ces temps-ci, la leader italienne a classé le coût exorbitant de ce projet comme une dépense militaire. Ça tombe bien car l’Italie a accepté d’augmenter ses dépenses en matière de défense, sur demande de Donald Trump. Le pont pourrait donc renforcer la défense européenne en facilitant le déplacement des troupes de l’OTAN.
Dénoncé par les oppositions
Mais tous ces arguments sont loin de convaincre tout le monde chez nos voisins italiens. Ce pont suscite beaucoup de protestation, pour son prix d’abord, les partis d’opposition, à gauche notamment, estiment que l’urgence est ailleurs.
Ils dénoncent aussi son impact environnemental. Le pont doit être construit sur une zone maritime protégée et pourrait mettre en danger des millions d’oiseaux qui empruntent cette route migratoire. Une plainte vient d’être déposée en ce sens auprès de l’Union européenne.
Et puis, autre risque soulevé par les opposants. On est en Sicile. Alors beaucoup redoutent l’infiltration de la mafia qui a l’habitude de s’immiscer dans les projets de travaux publics. Tout cela balayé d’un revers de main par Matteo Salvini, vice-Premier ministre : “Ne pas construire ce pont pour ces raisons reviendrait à ne jamais réaliser aucun projet dans ces régions".