Haute-Savoie: ces pizzerias familiales blanchissaient-elles l'argent de la mafia calabraise ‘Ndrangheta?

C’est une affaire qui relève en quelque sorte de l’extraordinaire. Tous les membres d’une famille soupçonnés d’appartenir à la mafia calabraise ont été arrêtés en Haute-Savoie le 13 mai dernier. Propriétaires de deux pizzerias, ils sont soupçonnés de blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs dans le cadre d’une enquête menée par la JIRS de Lyon et Interpol.
Selon un rapport d’Europol, 86% des réseaux criminels les plus menaçants utilisent des structures commerciales légales pour dissimuler leurs activités et blanchir leurs revenus. De plus, 96% pratiquent eux-mêmes le blanchiment d’argent et 71% sont impliqués dans la corruption. En France, ces pratiques permettent aux criminels d’infiltrer l’économie légale et de consolider leur pouvoir économique et de corruption.
Ils n'avaient jamais fait parler d'eux, et pourtant...
Un tuyau et trois ans d’investigations complexes ont mené les enquêteurs de la juridiction spécialisée de Lyon jusqu’à cinq personnes d’une même famille originaire de Calabre en Italie.
Inconnus de la justice, ils n’ont jamais fait parler d’eux et pourtant, les autorités les soupçonnent d’avoir blanchi plusieurs millions d’euros en trois ans pour le compte de la ‘Ndrangheta, une mafia italienne calabraise puissante.
“Il y a un vrai travail qui a été fait pour voir la différence entre le chiffre d'affaires réel, et le chiffre d'affaires présenté par les comptes. Et s’il y a une grande différence, alors il y a raison de penser qu’il y a du blanchiment”, explique Fabrice Rizzoli, spécialiste de la grande criminalité.
Une enquête à la finalité rare sur le sol français selon lui. “C’est assez révolutionnaire puisque d’habitude, on se contente d’arrêter les mafieux de Calabre à la demande des autorités italiennes et de les renvoyer dans leur pays”, conclut-il.
Selon des sources concordantes au Parisien, les suspects ont tous contesté les infractions qui leur sont reprochées pendant les interrogatoires ayant conduit à leur mise en examen.