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Pourquoi l'Italie de Giorgia Meloni parie sur l'immigration de travail?

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Elle promettait de fermer les frontières: la première ministre italienne Giorgia Meloni va finalement accueillir 500.000 nouveaux étrangers non européens d’ici 3 ans.

L’Italie a décidé cette semaine de délivrer 500.000 nouveaux visas de travail à des étrangers non européens d’ici 2028. Une décision surprenante dans le pays de Giorgia Meloni, la première ministre d’extrême droite, promettait pourtant, lors de son élection, d’instaurer un “blocus naval des côtes nord africaines”.

L’immigration illégale est en baisse en Italie. Mais le pays a déjà accueilli 500.000 travailleurs extracommunautaires depuis l’élection de Giorgia Meloni en 2022, et elle va encore en accueillir autant d’ici 3 ans: ça fera donc un million d’étrangers accueillit en Italie depuis l’élection de cette première ministre d’extrême droite.

Un pays vieillissant

Mais pourquoi un tel revirement de Giorgia Meloni? Cette dernière n’a pas tellement le choix: ça fait des années que le patronat réclame de la main d’œuvre supplémentaire. Les jeunes italiens sont de plus en plus nombreux à quitter le pays. C’est un pays vieillissant.

Et ce n'est pas près de s’arranger: en 2024, il n’y a eu que 370.000 naissances en Italie, c’est quasiment deux fois moins qu’en France. Leur taux de fécondité est au plus bas, ce qui fait que le pays a perdu 1,5 million d’habitants en 10 ans.

Donc, si l’Italie veut pouvoir cultiver ses champs, accueillir des touristes et trouver des employés pour s’occuper des personnes âgées, elle n’a pas d’autre choix aujourd’hui que de recourir à l’immigration. En Italie, sur 800.000 travailleurs dans l’aide à la personne, plus de la moitié vient de pays extracommunautaires: notamment l’Ukraine, les Philippines et le Pérou.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Le dossier compliqué par Berengère Bocquillon : L'Italie de G. Meloni parie sur l'immigration de travail - 03/07
3:30

Immigration "légale et contrôlée"

Mais c’est bien une immigration légale et contrôlée que l’Italie veut accueillir. L’année dernière, seulement 8% des entrées dans le cadre de ces quotas se sont transformées en permis de séjour et en emploi stable, d’après les calculs d’une ONG. Plusieurs associations dénoncent un système d’immigration légale qui est une machine à créer des migrants en situation irrégulière.

Mais comment ces travailleurs sont choisis? C’est l’administration qui s’occupe de tout. Les employeurs eux, ont une journée par an qui s’appelle le clic day, la journée du clic, où ils réclament des travailleurs étrangers à l’administration en cliquant sur un site internet. Ensuite, l’administration sélectionne des travailleurs étrangers. Si bien que les employeurs ne connaissent souvent rien de leurs futurs employés. Des visas sont ensuite délivrés à ces étrangers, après enquête. Tout ça est lent et compliqué.

Finalement, ça prend entre un an et un an et demi pour qu’un travailleur étranger se présente sur son lieu de travail. Quelquefois, l’entreprise a trouvé quelqu’un entre temps. D’autres fois, un visa est délivré à un travailleur étranger, mais il n’a pas l’argent pour rejoindre l’Italie. Giorgia Meloni a reconnu elle-même qu’il y a beaucoup de dysfonctionnements dans ce système.

Quid des autres pays européens?

L’Italie n’est pas le seul pays à manquer de travailleurs. Plus de la moitié des emplois créés depuis 2019 en Europe ont été pourvu par des extra européens. Par exemple: l’Espagne, un pays qui a eu d’excellents résultats économiques en 2024. Les analystes estiment que sa croissance, l’Espagne la doit à l’immigration.

En 2024, sur 470.000 emplois créés en Espagne, seul un sur 8 a été occupé par une personne née en Espagne. L’Espagne a d’ailleurs fait passer l’an dernier une réforme pour réduire les délais de régularisation des travailleurs sans papiers.

En France comme partout, c’est un sujet très polémique, l’Observatoire de l’immigration et de la démographie estime que l’immigration coute plus à la France qu’elle ne lui rapporte. Mais selon une étude du think tank Terra Nova, il faudrait accueillir près de 300.000 immigrés chaque année pour financer notre modèle social.

Bérengère Bocquillon