Turquie: comment l'inflation pourrait bouleverser le scrutin

Dimanche, 62 millions de Turcs vont devoir se prononcer dans ce qui ressemble beaucoup à un référendum pour ou contre le président au pouvoir depuis 20 ans, Recep Tayyip Erdogan. Selon les derniers sondages, l’opposition réunie derrière l’ancien haut-fonctionnaire Kemal Kilicdaroglu pourrait renverser l'homme fort de la Turquie, candidat à un troisième mandat.
Parmi les raisons qui poussent une partie des électeurs à bouder le camp du président sortant, sa gestion du pays qui ressemble de plus en plus à un régime autoritaire mais aussi la situation économique difficile du pays. Le symbole de cet échec réside dans le chiffre de l’inflation qui dépasse les 50% sur un an, selon les chiffres officiels. Ces chiffres sont d'ailleurs très discutés puisque l'opposition estime que l'inflation atteint plus du double.
"Les prix ont explosé"
Cette hausse des prix colossale pourrait faire basculer le scrutin. Sur ce marché du quartier de Besiktas, les clients jouent des coudes. Iram est étudiante en médecine. Dans son panier, des fraises et des prunes. Mais ce sont bien les seuls fruits qu'elle va acheter. Elle subit l’inflation de plein fouet:
"Les prix ont explosé. Je n’ai plus les moyens de manger des produits de qualités. J’ai dû diminuer ma consommation de fruits et légumes alors que j’adore ça."
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"La situation économique est terrible"
L'un des produits qui montre cette inflation, c'est l'oignon: son prix a été multiplié par sept depuis le début de l'année 2023. "Aujourd’hui, la situation économique est terrible", tranche Ahmed. Il est venu faire ses courses avec sa femme, et l'explosion des prix de l'alimentaire l'a décidé à voter pour le candidat de l’opposition.
"J’espère vraiment que les élections nous apporterons du changement. Le nouveau gouvernement fera baisser les prix, les loyers aussi baisseront. J’en suis persuadé !"
Mourat ne partage pas cet optimisme. Derrière son échoppe de fruits et de légumes, qu'il occupe depuis près de 15 ans, il dit ne pas savoir "si l’élection changera quelque chose".
"Avec un autre président, les prix pourraient encore doubler ou peut-être qu’ils seront divisés par deux. Personne n’en sait rien. On verra bien lundi", dit-il.
Pour tenter de faire taire les critiques, le président Erdogan a annoncé cette semaine une revalorisation des salaires des fonctionnaires de 45% et a promis un mois de gaz gratuit à chaque foyer.