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Ukraine, armes nucléaires, business... Les enjeux de la visite d'Emmanuel Macron en Chine

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Emmanuel Macron s’est envolé mardi soir vers la Chine pour une visite d’Etat de trois jours. Quels sont les enjeux de ce voyage? Les explications de Nicolas Poincaré sur RMC.

Emmanuel Macron se rend en Chine dans un contexte de tensions diplomatiques mondiales pesant. L’enjeu principal de la visite sera de de maintenir le dialogue avec la Chine. Avec cet empire de plus en plus puissant, de plus en plus nationaliste, dirigé avec toujours plus d’autoritarisme par Xi Jinping, qui en est maintenant probablement le président à vie.

Après sa première élection, Emmanuel Macron s'était rendu en Chine deux ans de suite en 2018 et 2019, il avait indiqué qu’il comptait faire le voyage de Pékin tous les ans. Sauf que le Covid-19 est arrivé. Les voyages annuels n’ont pas eu lieu et c’est aujourd’hui un retour, pour reprendre le dialogue donc. Un conseiller de l’Elysée affirme que les discussions entre les deux présidents pourraient durer six ou sept heures s’il le faut.

La guerre en Ukraine au coeur des débats

La guerre en Ukraine sera le premier sujet de conversation, parce que Xi Jinping rentre de Moscou où il a célébré son amitié “sans limite” avec Vladimir Poutine. Ce voyage a marqué un tournant. La Chine s’est clairement positionnée du côté de la Russie, face à leur ennemi commun, les Etats-Unis.

Mais la France estime que la Chine reste malgré tout le seul pays au monde qui peut avoir une influence sur Vladimir Poutine, le seul qui peut avoir un impact immédiat et radical sur le conflit. Dans un sens ou dans l’autre. Emmanuel Macron va donc tenter de plaider pour que ce soit plutôt dans le bon sens. C'est-à-dire que la Chine à terme puisse exercer une médiation, et que la Chine à court terme s’abstienne de livrer des armes à Poutine. Pour l’Elysée, un soutien militaire de la Chine à la Russie serait une décision funeste, il faut l'empêcher pour éviter le pire.

Et concrètement, Emmanuel Macron devrait demander à son homologue chinois de dissuader Vladimir Poutine de déployer des missiles nucléaires en Biélorussie. Ce que les Chinois peuvent entendre parce qu’ils craignent eux aussi une escalade nucléaire.

Emmanuel Macron ne sera pas seul face au président chinois. Il fait le voyage avec la présidente de la commission européenne, Ursula Von der Leyen, qui sera à ses côtés jeudi pour le diner d’Etat. La présidente allemande de la commission qui a adopté récemment une position assez dure vis-à vis de la Chine. Elle a déploré que la Chine soit devenue plus répressive en interne et plus agressive à l'extérieur. Le parti communiste chinois, a-t-elle dit, veut un nouvel ordre international avec la Chine au centre de ce nouvel ordre.

Et la présidente de la commission européenne, dans un discours la semaine dernière ,a été très précise: elle reproche aux Chinois d’organiser notre dépendance vis-à-vis d’eux. Dans des secteurs aussi importants que les technologies des énergies renouvelables, la robotique, l’intelligence artificielle. Sans parler des matières premières comme le cobalt et le lithium. Un constat direct qui montre que l'Europe durcit le ton vis-à-vis de la Chine et que l’Europe ne veut pas être dupe ni naïve face à l'expansionnisme chinois.

Le voyage devrait tout de même permettre la signature de contrats

Après les sujets qui fâchent, on parlera business. Emmanuel Macron emmène avec lui une cinquantaine de PDG dont ceux d’Airbus, EDF, Alstom ou Veolia qui devraient effectivement signer des contrats. Emmanuel Macron va plaider pour un meilleur accès des entreprises françaises au marché chinois puisque pour l’instant la balance commerciale est très déséquilibrée. Nous importons beaucoup et exportons trop peu, à part le vin, les avions et les produits de luxe…

La part de marché des produits français en Chine ne représente que 1,3%, mais surtout elle ne progresse pas. Au contraire, elle régresse depuis deux ans. La France reste très petite au sein de la deuxième économie mondiale.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)