Internes en médecine formés à l'étranger: "En général, ce sont ceux qui n'ont pas réussi en France"
Huit internes en médecine générale affectés dans des hôpitaux d'Ile-de-France ont été exclus de leur service pour cause d'incompétence. Six de ces internes à l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges sont jauryarrivés en novembre dans leur service. Ils ont été priés de suivre un stage de remise à niveau de six mois. C'est la première fois qu'un hôpital prend une telle décision.
Sept de ces huit internes n'avaient pas fait leurs études de médecine en France, mais en Roumanie. Trois sont des Français, trois autres sont des Roumains. Après six ans d'étude à l'étranger, certains de ces internes auraient tout juste le niveau d'un étudiant de troisième année. Ils sont incapables de diagnostiquer un patient, d'être autonomes. Certains d'entre eux ne seraient même pas capables de parler français.
"Ils ont un niveau bac+3, +4 ou +5"
"On a une évaluation qui a été faite par des professionnels", indique le professeur Philippe Jaury, le coordonateur du diplôme d'étude spécialisé de médecine générale, ce mercredi sur RMC. "Ils ont un niveau bac +3, bac + 4, bac +5 [contre bac +9 pour un médecin débutant en France, ndlr]. C'est insuffisant pour les mettre en autonomie totale. Parce qu'ils ne savent pas gérer la consultation, parce qu'ils n'ont pas assez de connaissances".
"En général, ce sont ceux qui n'ont pas réussi en France" qui partent étudier à l'étranger, explique le Pr Philippe Jaury, qui avait déjà alerté le ministère sur le problème en 2014. Mais ces étudiants accèdent très facilement à l'internat en France. Seule formalité, il faut passer un examen, comme tous les autres candidats à l'issue duquel ils sont notés et classés. Problème: même avec zéro sur vingt, un candidat peut devenir interne. Même le dernier du classement aura une place dans un hôpital.
Instaurer "un examen de fin de deuxième cycle"
"Il faudrait remettre en place un examen de fin de deuxième cycle, au bout de six ans, pour voir si ces futurs internes sont capables d'être en autonomie", suggère le pr Philippe Jaury. La sélection pourrait se faire, par exemple, en instaurant une note éliminatoire, pour faire le tri entre les candidats sérieux et ceux qui n'ont pas le niveau.
D'après les chiffres du Monde, en 2014, 250 candidats de l'Union européenne ayant suivi leur cursus hors de France ont passé l'examen de l'internat (après 6 années d'étude). En 2015, ils étaient 250, dont 50% de Roumains. "Il faut quand même rassurer les patients", conclut Philippe Jaury. "99% des internes sont excellents et font bien leur boulot. Il ne faut pas les stigmatiser".