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Blanche Gardin refuse d'être payée 200.000€ et allume Jeff Bezos et Amazon: "Arrêtons l’hypocrisie"

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L'humoriste Blanche Gardin a annoncé son refus de participer à l'émission "LOL: qui rit sort", diffusée sur Amazon Prime, dénonçant les pratiques de la multinationale et déplorant des cachets hors normes pour les comédiens.

Blanche Gardin ne participera pas à la prochaine saison du jeu "LOL: qui rit sort", diffusé sur Amazon Prime. Et elle tient à le faire savoir. "Cher Monsieur Bezos, je suis au regret de devoir refuser votre invitation à participer à la prochaine saison du jeu "LOL: Qui rit sort !" diffusé sur votre plateforme d’Amazon", a assuré l'humoriste via son compte Facebook.

Pas question d'intégrer donc le prestigieux casting d'humoristes qui se défient dans l'émission, à coups de blagues et de sketchs, pour faire rire les autres, entraînant ainsi leur élimination. Le vainqueur, le dernier à rire, empoche alors 50.000 euros pour une association.

Mais Blanche Gardin assure que chaque participant touche 200.000 euros de cachet. "Je serais gênée d’être payée 200.000 euros pour une journée de travail même si je perds à votre jeu, quand l’association caritative de mon choix remporterait, elle, 50.000 euros, c’est-à-dire quatre fois moins, et encore, seulement si je gagne", assure celle qui a connu le succès avec son spectacle "Il faut que je vous parle".

Amazon "qui utilise la main d'œuvre des camps de concentration ouïghours"

Voilà pour l'émission. Mais l'humoriste ne s'arrête pas là. Dans la foulée, elle s'en prend plus largement au modèle d'Amazon: "Ça me gêne de toucher, pour 8 heures de travail, cette somme affolante de la part d’une entreprise qui ne paye pas ses impôts en France et bénéficie même d’1 milliard d'euros de crédit d’impôts alors qu'elle fait 50 milliards d’euros de chiffre d'affaires, qui utilise la main d'œuvre des camps de concentration ouïghours" et dont "les emplois qu’elle crée en en détruisant d’autres sont des emplois éreintant dans des entrepôts déshumanisés, où on traite les employés comme des robots", assure-t-elle.

"Tout ça pour quoi? Pour qu’on puisse commander des couches pas chères depuis notre canapé en se grattant les couilles. Oui, ça me gêne", ajoute Blanche Gardin.

L'actrice déplore également le nouveau modèle des plateformes vidéos qu'elle accuse de tuer le cinéma. "Faire de la publicité pour votre plateforme reviendrait à me tirer une balle dans le pied. Je n’ai pas envie que dans dix ans, plus personne n’aille au cinéma et qu’on soit tous en train de mater des séries sur le canap' en se faisant livrer des burgers par des sans-papiers qui pédalent sous la pluie", déplore l'humoriste.

"Cela risque de tuer l’émission"

"C’est de la posture et de l’imposture", tacle ce vendredi sur le plateau des "Grandes Gueules" Zohra Bitan. "Les œuvres de Blanche Gardin sont sur Amazon même si ce n’est pas elle qui gère", ajoute-t-elle, alors que seul un film de l'humoriste est disponible sur la plateforme.

"A sa place, je n’aurais pas fait ça, j’aurais pris les 200.000 euros et je les aurais donnés à une association. Et après, j’aurais dénoncé les conditions de travail chez Amazon. C’est toujours la volonté de vouloir apparaître dans le camp du bien, de celui qui donne des leçons de morale aux uns et autres. Mais tout le monde consomme ce qu’il rejette et fustige. Il faut arrêter l’hypocrisie", tacle Zohra Bitan.

Une opération compliquée financièrement, note cependant Mourad Boudjellal, qui rappelle que cette somme ne serait défiscalisée qu'à 66%.

"Cela risque de tuer l’émission, plus personne ne va vouloir participer de peur du "qu'en dira-t-on'", prédit Olivier Truchot. De son côté, l'économiste Thomas Porcher déplore des productions d'Amazon "pas bien gérées". "Ce n'est pas la force publique qui gère ça et on se retrouve avec des gens qui prennent des postures, ce que je trouve assez fatigant", conclut-il.

G.D.