300 euros par jour dès 13 ans, une nouvelle génération ultraviolente: un ancien dealer marseillais témoigne sur RMC
Dans certaines cités du nord de Marseille, le deal est un commerce comme un autre. Le trafic de drogue, c'est tous les jours de 10h à 2h du matin, c'est une vraie boutique à peine dissimulée avec des graffitis qui affichent clairement les tarifs sur les murs. Dans ce contexte, la majorité des jeunes garçons tombent dedans, les filles restant épargnées.
C'est le cas dans la famille de Karim, 25 ans aujourd'hui, tombé dans le trafic de drogue à 13 ans. Avec 300 euros par jour pour vendre de la cocaïne et du cannabis, il a très vite préféré sécher les cours: "De 13 à 17 ans, je n'allais pas à l'école mais ils ne me faisaient plus redoubler, je passais les classes quand même. D'abord, j'ai commencé par charbonner directement, c'est vendre du shit et de la cocaïne", raconte-t-il au micro de RMC.
"Au début, j'ai fait ça pour aider ma famille et après j'ai vu que l'argent c'était facile donc je faisais ça tous les jours. Je me suis acheté des trucs de fou. Des vestes à 3000 euros, des chaussures à 1200 euros, je me suis acheté deux BMW. Avant j'allais en boîte, je dépensais 4 à 5000 euros en une soirée. Si à l'époque j'avais eu le cerveau que j'ai aujourd'hui, je serai riche, je n'ai rien mis de côté, c'est ça le pire", ajoute Karim.
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"Les petits n'ont plus de conscience et les grands leur promettent tout"
Aujourd'hui, il a tout arrêté. Après trois ans de prison, il a désormais peur de mourir pour de l'argent à 25 ans car selon lui, les temps ont changé à Marseille. Le trafic s'est intensifié, il serait tenu par trois gangs se disputant violemment les petits territoires de la cité phocéenne: "Il y a trop de danger, j'ai préféré stopper net. En ce moment, c'est une guerre de territoires pas possible ici. Il va y avoir beaucoup de morts avant la fin de l'année", s'inquiète-t-il.
"Il y a beaucoup d'argent mais peu de quartiers qui en génèrent suffisamment. Ils veulent tous prendre le peu de quartiers qui en font assez. Les petits n'ont plus de conscience et les grands leur promettent tout. Ils leur disent: 'Si jamais tu tues ce terrain sera à toi'. Ils les envoient en tuer d'autres pour 10.000, 20.000 ou 30.000 euros.
Les petits sont comme moi quand j'étais jeune, ils sont inconscients et ont envie d'aider leurs parents. Je leur dit maintenant: évitez le trafic de drogue, il y a plein d'autres manières de faire de l'argent", conseille Karim.
Un conseil qu'il ne garantit pas lui-même, assurant qu'il n'est pas exclu qu'il retombe un jour dans le trafic. Car l'argent, "c'est aussi une drogue", conclu Karim.
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