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Dangers, utilisations, achat: ce qu'il faut savoir sur les mortiers d'artifice, de plus en plus souvent utilisés contre la police

Les mortiers d'artifice, des engins pyrotechniques utilisés par les professionnels des feux d'artifice, sont de plus en plus souvent détournés par des délinquants pour s'en prendre aux forces de l'ordre. Explications.

Une quarantaine de personnes ont pris pour cible le commissariat de Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, à coup de tirs de mortiers d'artifice, sans faire de blessés. Le terme de "mortier" peut prêter à confusion, mais les engins utilisés n'ont rien à voir avec des armes de guerre. 

"Le mortier d'artifice est un engin pyrotechnique composé d'un cylindre en carton et d'une charge explosive. Cette charge est faible, il ne s'agit pas de TNT ou autre", explique à l'AFP Rocco Contento, porte-parole du syndicat Unité SGP. 

"En utilisation normale, il est planté au sol et tiré en l'air. Mais les voyous s'en sont emparés pour faire une arme par destination. A tir tendu, il peut blesser quelqu'un et en pleine figure, c'est la même chose qu'un LBD (lanceur de balle de défense, NDLR)", ajoute le syndicaliste.

La législation a récemment changé afin d'empêcher que des citoyens lambda, sans habilitation, puissent en acheter dans des magasins de pyrotechnie, souligne Rocco Contento. "Mais on peut s'en procurer sur internet et se les faire livrer à domicile. Ce n'est pas très cher", complète-t-il.

Dimanche soir, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, en a demandé l'interdication à la vente: "Je souhaite que dans le prochain texte de loi qui doit arriver à l'Assemblée nationale le 19 novembre, nous puissions définir comme une arme de destination ces feux d'artifice et ces mortiers qui attaquent et qui ont été utilisés lors de l'attaque de samedi. Ils peuvent blesser et tuer et il faut aujourd'hui que nous arrêtions cette vente sur internet qui n'est pas destinée à des professionnels et que nous la pénalisions", ajoute Gérald Darmanin.

"Utilisés comme des armes"

L'utilisation de ces mortiers d'artifice est ainsi devenue "une tradition dans les citées", où "les voyous les utilisent contre les policiers" ajoute ce dernier. En juillet, trois commissariats des Yvelines, aux Mureaux, Fontenay-le-Fleury et Plaisir, ont été pris pour cible. Alors qu'il y a quelques années, ces tirs étaient principalement observés pour la Saint-Sylvestre ou le 14 juillet, ils sont devenus très courants. Par exemple, en août, après la défaite du PSG en finale de la Ligue des Champions, des tirs de mortiers d'artifice ont visé les forces de l'ordre à Paris.

"L'utilisation des mortiers d'artifice s'est intensifiée ces derniers mois. Cela a commencé durant les deux mois de confinement où les patrouilles étaient accueillies dans les cités par ces tirs", explique Stanislas Gaudon, délégué général du syndicat Alliance. "Ils sont utilisés comme des armes pour viser des actions de la police, par exemple quand on veut faire des interpellations", dit une source policière en banlieue parisienne. 

"Ca présente un vrai danger, ça peut provoquer des acouphènes et des blessures sur les personnes qui peuvent les recevoir comme chez celles qui les projettent et qui peuvent perdre des doigts, ce qui arrive fréquemment quand ils n'en maîtrisent pas l'usage, voire un incendie si ça tombe par une fenêtre ouvert dans un logement ou un véhicule", complète cette source.

Les blessures, en particulier les brûlures, peuvent être "assez graves". En mai, lors d'une intervention de routine sur la voie publique à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), trois policiers avaient été brûlés, l'un au cou, l'autre au bras, l'autre à une main par des mortiers lancés contre leur véhicule dont les vitres avaient volé en éclats.

La rédaction de RMC (avec AFP)