Violences policières: "Pourquoi on ne pourrait pas débattre de la police?" dénonce Alexis Corbière sur RMC
La mort de Georges Floyd aux Etats-Unis, tué par un policier, a provoqué une vague de contestation mondiale contre la police. Depuis plusieurs jours, des villes américaines sont secouées par d’importantes manifestations avec quelquefois des scènes d’émeutes. Mais ces manifestations ne se limitent pas aux frontières du pays.
En France, 20.000 personnes étaient rassemblées mardi soir à Paris pour dénoncer les violences policières. Ce rassemblement, qui avait été interdit par le préfet, était organisé à l'initiative des proches d'Adama Traoré. Plus tôt dans la journée a été dévoilée une expertise mettant en cause les gendarmes dans la mort de ce jeune homme noir lors de son arrestation en 2016.
Ce nouvel épisode intervient également quelques jours après les déclarations polémiques de l’actrice et chanteuse Camélia Jordana, qui avait assuré sur un plateau télévisé, avoir peur quand elle croise un policier.
Pour Alexis Corbière, député de La France Insoumise, la population peut, en effet, craindre les policiers.
“Moi, je suis un homme de 50 ans, reconnu par la police parce que vous m’invitez et la police se comporte en général bien avec moi. Par contre dans ma circonscription, j’ai des témoignages des gens, de femmes, d’hommes, qui m’expliquent que bien souvent, quand ils sont contrôlés par la police, il y a tutoiement voire plus”, explique-t-il.
Il prend en exemple un cas récent d’un jeune homme de 15 ans, qui a été arrêté et a passé la nuit en garde à vue. "Les parents ont demandé quelle était l’explication, ils leur ont dit qu’il y avait un vol et le lendemain, il a été libéré, il n’y avait plus rien. Ca ne se fait pas. Et évidemment, les amis du jeune homme étaient des Français d’origine maghrébine”, explique le député.
"La manière dont Adama Traoré a perdu la vie est inacceptable"
Il souhaite que le rapport de confiance entre les Français et la police, qui n’existe plus, refasse surface. Pour cela, il préconise qu’il y ait un récépissé chaque fois qu’un policier juge qu’il faut contrôler quelqu’un.
Le député affirme aussi soutenir le combat de la famille Traoré.
“Je pense que sur ce dossier emblématique, la manière dont Adama Traoré a perdu la vie est inacceptable, et depuis le début, il y a de la part de beaucoup d’acteurs une volonté de taire cette affaire et en plus il y a un harcèlement autour de la soeur, Assa Traoré, de la part de la justice qui me semble peu digne”, affirme Alexis Corbière.
Il demande également que la technique du plaquage ventrale ne soit plus autorisée. "On avait d'ailleurs proposé une proposition de loi pour qu'on arrête d'enseigner ça aux policiers. C'est une technique dangereuse et il est indiscutable qu'Adama Traoré a perdu la vie parce qu'on la plaqué au sol et que trois policiers lui sont tombés dessus", assure-t-il.
Il souhaite également que le débat autour de la police soit plus ouvert. "C’est un service public. On peut débattre des profs, on peut débattre de nos services de santé, alors pourquoi on ne pourrait pas débattre des services publics de la police?", demande-t-il.