Elysée, chaîne de télé... Ce qu'il faut savoir du projet de "coup d'Etat" de Rémy Daillet
Une enquête révèle que Rémy Daillet préparait un véritable coup d’état. Il est effectivement accusé d’avoir préparé un putsch, destiné à le mettre lui-même à la tête du pays avec l’aide de militants armés. La question maintenant est de savoir à quel point ce projet était sérieux.
Rémy Daillet, on le rappelle, est un homme qui est en prison depuis le printemps dernier, soupçonné d’avoir été l'organisateur depuis la Malaisie de l'enlèvement de la petite Mia. Une enfant qui avait été kidnappée dans les Vosges pour être remise à sa mère.
La semaine dernière, Rémy Daillet a été extrait de sa cellule pour être entendu en garde à vue sur d’autres projets d’actions violentes, et les enquêteurs ont acquis la conviction qu’il préparait bien une prise du pouvoir.
Le plan s’appelait “Opération Azur”
C’est le journal Le Parisien qui en révèle les détails ce jeudi matin. L'opération "Azur" devait profiter d’une manifestation à Paris pour semer le désordre et fixer les forces de l’ordre. Pendant ce temps, des militants appelés des “grenadiers” ou des “assaillants” devaient s'emparer de l'Elysée, de l'Assemblée nationale et du ministère de la Défense. Un autre groupe devait prendre le contrôle d’un grand média pour diffuser le discours de Rémy Daillet depuis l’Elysée.
Pour la petite histoire, celui qui devait diriger cette prise de contrôle d’une télé est un homme qui avait effectivement tenté de pénétrer dans les locaux de BFMTV pendant une manif de gilets jaunes en septembre 2020. Dans l’organisation cet homme, un certain Sylvain P. avait le titre de “capitaine” c'est-à-dire chef de la branche armée du groupuscule pour l’Île-de-France.
Les policiers estiment qu’environ 300 personnes gravitent autour de Rémy Daillet
C’est délirant, et à la fois, pris au sérieux par la DGSI. Parce que les écoutes, les auditions en gardes à vue, les documents saisis en perquisition ont montré que l’organisation était très structurée. Un lieutenant-colonel de l'armée française était chargé du recrutement de militaires.
Les policiers estiment qu’environ 300 personnes gravitent autour de Rémy Daillet. Et parmi les militants identifiés, d'après Le Parisien, beaucoup de policiers, de gendarmes et de militaires en activité. Un maire connu pour ses propos polémiques, des médecins, une avocate au barreau de Paris. Une liste a été retrouvée avec les noms des 36 capitaines de régions, c'est-à-dire patron de cellules en province.
Les policiers ont également découvert qu’au cours d’une manifestation anti-vax, un militant, qui est par ailleurs le frère d’un député, s'était fait remettre par un professeur de chimie la recette pour fabriquer des explosifs. Et dès le lendemain deux activistes sont allés dans une jardinerie acheter les engrais nécessaires à la fabrication de bombes.
D’autres documents saisis contenaient les adresses personnelles de certains journalistes et éditorialistes connus et jugés hostiles. Avec des préconisations pour les intimider ou les agresser.
Enfin, toujours d'après Le Parisien, l'enquête a montré qu’il existait des plans pour entraîner les nouvelles recrues en leur faisant détruire des antennes 5G ou bien s’attaquer à des centres de stockage des vaccins.
La lutte contre la vaccination est au centre de toute cette histoire
Rémy Daillet est une des grandes figures des milieux anti système et antivax. Pour lui, nous vivons dans une dictature sanitaire. Il dénonce aussi le port du masque et les confinements.
Au printemps dernier, il a écrit un mail à de nombreux parlementaires, un mail dont BFMTV a obtenu une copie. Il s’insurge contre les mesures prises pour lutter contre le Covid-19 et menace les députés: "Nous faisons des listes, il y aura des punitions magistrales, c’est votre dernière chance de nous rejoindre."
L’autre grande obsession de Rémy Daillet c’est la lutte contre la pédophilie. Comme les américains du mouvement Q Anon, il affirme que toutes les élites sont mêlées à des réseaux de trafic d’enfants.
Il prétend aussi que lorsque l’on voit dans le ciel des grandes traînées blanches, derrière les avions, c’est parce que le gouvernement fait de l'épandage avec des poisons pour réduire la population. Il est aussi contre la 5G et contre l’avortement, et pour l’école à la maison. Dans une vidéo sur Youtube, il affirme avoir parlé de tout cela avec Donald Trump et Vladimir Poutine. Et il précise: "Ils m’ont écouté attentivement…"