EXCLU RMC. Nicolas Sarkozy définitivement condamné: "Le droit a dérapé" selon son avocate Jacqueline Laffont

Une première pour un ancien président de la Ve République. La condamnation de Nicolas Sarkozy à trois ans de prison, dont un an ferme sous bracelet électronique, pour "corruption" et "trafic d'influence" dans l’affaire dite "des écoutes" (ou "Bismuth dans l’affaire des écoutes (ou Bismuth), a été définitivement confirmée par la Cour de cassation ce mercredi.
"Il se considère toujours comme innocent et il est déterminé à continuer son combat judiciaire pour qu’elle soit un jour reconnue, explique son avocate, Me Jacqueline Laffont, ce jeudi matin sur RMC. C’est la raison pour laquelle il va saisir la Cour européenne des droits de l’homme qui, je l’espère, dira enfin le droit dans un dossier dans lequel le droit a été très malmené."
"Il va porter son bracelet électronique, assure-t-elle dans Apolline Matin. Il a toujours respecté l’institution judiciaire. Il l’a combattue lorsqu’il l’a trouvée injuste et c’est le cas actuellement. Il trouve la justice injuste. Je crois qu’il n’est pas le seul. J’ai été assez surprise moi-même par la façon dont un certain nombre de personnes d’horizons politiques très différents ont reçu cette décision hier, qui est encore une fois inquiétante et choquante sur le plan des principes."
"Je trouve que le droit a dérapé dans cette affaire", estime Me Jacqueline Laffont. "En réalité, ce que je crois, c’est que la justice n’a pas pu admettre, et c’était peut-être trop grave pour elle face à la personnalité de Nicolas Sarkozy, qu’elle s’était fourvoyée à ce point-là."
Des recours à venir contre l’inéligibilité et la perte de la Légion d'honneur
"C’est quelque chose que je n’ai jamais vu dans toute ma carrière, assure Me Jacqueline Laffont. Je crois que c’est proscrit par la chambre criminelle de la Cour de cassation dans un arrêt certes très ancien, parce que ça n’arrive jamais... Cela concerne les libertés publiques, le secret professionnel entre un avocat et son client. Un homme a été condamné, mais aussi son avocat Thierry Herzog, sur l’exclusif fondement d’interceptions téléphoniques entre un avocat et son client qui ont été découpées en petits extraits, dont une interprétation très aléatoire a été fournie pour tendre à cette condamnation. Il n’y a pas un seul élément matériel. Et au contraire, les éléments matériels contredisent cette interprétation qui est faite."
Nicolas Sarkozy a aussi été condamné à trois ans d'inéligibilité et pourrait perdre sa Légion d'honneur. Mais il va lancer des recours. "Ce sont des mesures qui peuvent être remises en cause, explique son avocate sur RMC. Ce sont des condamnations définitives mais pour lesquelles il existe des recours. Pour l’inéligibilité, la loi le permet, nous pourrons dans un délai de six mois saisir à nouveau un juge pour demander à ce que cette mesure soit levée. Nous combattrons tous les pans de cette condamnation que je trouve injuste."
Nicolas Sarkozy bientôt convoqué chez le juge d'application des peines
Pour Nicolas Sarkozy, la prochaine étape, c’est sa convocation chez un juge d’application des peines. Cela pourrait être dans les semaines qui viennent, au tribunal de Paris. C’est là que seront discutées puis fixées les modalités précises de son bracelet électronique, notamment les heures auxquelles Nicolas Sarkozy devra impérativement être chez lui. Puis, dans un second temps, le service d’insertion et de probation se rendra à son domicile parisien pour installer un boîtier, dont il ne devra pas s’éloigner aux heures prévues. Et c’est à ce moment-là qu’on lui posera à la cheville le fameux bracelet électronique, comme 15.600 autres détenus qui purgent actuellement une peine à domicile.
Après le rejet du pourvoi en cassation, les proches de Nicolas Sarkozy n'ont pas de mots assez durs: une décision ad hominem, de l'acharnement, une volonté d'humiliation… L'ancien président, lui aussi, critique largement cette décision. "Je ne suis pas décidé à accepter l’injustice profonde qui m’est faite" écrit Nicolas Sarkozy. Il annonce déjà vouloir saisir la Cour européenne des droits de l'homme, même si cela n'empêche pas l'exécution de la peine.
Un des fidèles de Nicolas Sarkozy l'assure, "c'est un combattant, il va se battre jusqu'au bout". Mais la procédure s'annonce longue. "Ce sera un boulet pendant encore au moins 3 ans" anticipe ce proche. Et un autre boulet va s'ajouter dès le mois de janvier, avec le procès sur le présumé financement libyen de la campagne de 2007. Malgré cette condamnation, plusieurs cadres de la droite en sont persuadés, Nicolas Sarkozy sera toujours sollicité pour prodiguer des conseils politiques.