"Il faut être fou pour battre un bébé à mort": après le décès de Lisa, 3 ans, le village sous le choc

Le village de Conches-en-Ouche est sous le choc, après le décès de Lisa, une fillette de 3 ans, dans la nuit de samedi à dimanche 24 septembre 2023. Le beau-père et la mère de l’enfant ont été mis en examen pour "meurtre sur mineur" et placés en détention provisoire.
Pour rappel, le week-end dernier, "les services de gendarmerie ont été contactés par les pompiers et le Samu, eux-mêmes appelés par les parents de la fillette à leur domicile parce que l'enfant était en arrêt cardio-respiratoire. La maison était dans un état de saleté et d'hygiène déplorable", a indiqué le procureur de la République d'Évreux, Rémi Coutin.
Le certificat médical indique que la petite fille présentait de multiples hématomes sur le corps, certains récents et d'autres plus anciens.
"Il ressort des auditions du couple que la fillette était manifestement victime de violences fréquentes, répétées au moins depuis plusieurs mois, de la part des deux parents", a précisé le magistrat.
"Le drame de l’invisible"
Le maire de Conches-en-Ouche, Jérôme Pasco, s’est dit “sidéré” par “la violence et la barbarie de cet acte”, au micro de RMC, ce mardi 26 septembre. La famille, très peu connu du quartier, n’était pas “socialement suivi”.
“C’est une situation qui s’est passée dans la violence et dans l’indifférence, c’est terrible, c’est le drame de l’invisible”.
Les deux mis en cause sont sans-emploi. La mère, âgée de 27 ans, a été condamnée en 2020 à une amende pour consommation de stupéfiants. Le beau-père, âgé de 29 ans, a été condamné à cinq reprises entre 2015 et 2019 pour des infractions routières, ainsi que pour rébellion et dégradation grave.
Le grand frère de Lisa, âgé de 6 ans, a été pris en charge par les services de l'aide sociale à l'enfance.
“Il a vécu quelque chose de dramatique, il faudra être très vigilant sur son suivi, l’accompagner pour faire face et se reconstruire derrière”, assure le maire.
Avant de poursuivre: “c’est très difficile de mettre des mots sur cette situation, elle est tellement sidérante et paroxystique. On a du mal à réaliser ce qui a pu se passer. Comment on peut s’en prendre à une enfant de trois ans et demi, comment on peut lui faire subir de tels sévices jusqu’à lui retirer la vie ?”.
Une marche blanche organisée
Un avis partagé par les voisins de cette famille, qui espèrent que les parents seront “punis sévèrement”.
“Il faut être fou pour battre un bébé à mort”, lâche une dame, qui souhaite rester anonyme.
Cette dernière affirme avoir entendu la mère et le beau-père de Lisa se disputer à plusieurs reprises. “Ils criaient souvent. On entendait les portes claquer. Lui, il était alcoolisé, il se droguait, elle n’était pas très tendre non plus”, conclut-elle, se setant coupable de ne pas avoir vu la détresse des enfants.
Une marche blanche devrait être organisée d’ici la fin de la semaine.
La directrice de l'école de la fillette suspendue
Par ailleurs, la directrice de l'école où était scolarisée Lisa a été suspendue "à titre conservatoire". La fillette était absente de l'école toute la semaine précédant les faits. Une cellule d'écoute psychologique a été mise à la disposition des élèves et des adultes.