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"Ils sont à peu près 3.000 en France": qui sont les militants d'ultradroite?

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Le week-end a été marqué par des manifestations de militants d'ultradroite à Romans-sur-Isère, quelques jours après la mort du jeune Thomas à Crépol. Lundi, six ont été condamnés en comparution immédiate.

Six personnes ont été condamnées à des peines de six à dix mois de prison ferme pour avoir participé samedi soir à une de ces manifestations d'ultra-droite à Romans-sur-Isère. Jugés en comparution immédiate au tribunal de Valence, ces hommes âgés de 18 à 25 ans ont également été interdits de séjourner dans la Drôme et de détenir une arme pendant cinq ans.

Ils sont plutôt jeunes, dans la vingtaine, originaires des quatre coins de la France. Le plus près vient de Lyon. Les autres, du Doubs, de la Côte d’Or ou de Paris. L’un est encore étudiant, en philosophie. Mais il y a aussi un militaire et un développeur informatique. Chez certains d’entre eux, lors des perquisitions, les enquêteurs ont retrouvé des pistolets airsoft, un poing américain ou un exemplaire de “Mein Kampf”.

Des personnes qui sont finalement assez bien identifiées selon Eric Poulliat, député Renaissance de Gironde et co-rapporteur d’une mission d’information parlementaire sur l’activisme violent.

"Ils sont à peu près 3.000 en France. Ils sont assez bien identifiés parce que leurs organisations sont assez verticales, assez organisées. Ce n’est pas si secret que ça. C’est une logique un peu paramilitaire. C’est aussi une population assez stable. Ils sont âgés de tout âge et il y a aussi bien des personnes très bien insérées qui sont dans l’idéologie, et de l’autre des costauds qui sont là pour se battre et mettre des coups de poing. Ça varie assez", détaille-t-il.

Lundi soir, huit personnes ont aussi interpellées et placées en garde à vue, soupçonnées d'avoir participé à un cortège non déclaré organisé par l'ultradroite dans le centre de Lyon.

Une récupération politique assumée

C'est sur les réseaux sociaux et les messageries cryptées qu'ils s'organisent pour descendre dans la rue partout en France. Exemple à Paris, où le mouvement identitaire des Natifs coorganise un rassemblement en mémoire de Thomas, ce vendredi soir. Antoine, leur porte-parole, assume la récupération politique de la mort de l'adolescent.

“On assume que la mort de Thomas soit un événement déclencheur. Le but est d’abord de rappeler que l’affaire Thomas n’est malheureusement pas qu’un fait divers isolé en France. On constate qu’il y a toute une série, et de plus en plus à notre sens, de Français assassinés par des jeunes qui posent problème. En très grande majorité, ils sont issus de l’immigration en provenance de l’Afrique”, affirme-t-il.

Une rhétorique raciste qui ne repose sur aucun chiffre. Antoine assure avoir déclaré ce lundi le rassemblement de vendredi et rejette toute violence, sans pour autant condamner les événements de ce week-end à Romans-sur-Isère.

“En fait, on peut comprendre que face au laxisme de l’Etat, il y ait malheureusement une partie des jeunes Français qui se sentent abandonnés. Ce qui s’est passé, c’est l’expression de cette colère”, pointe-t-il.

Pourtant, le nombre de condamnations à de la prison ferme n'a jamais été aussi élevé. Il a même doublé en 20 ans.

Lucile Pascanet et Vicent Chevalier avec Guillaume Descours