Mort de Philippe à Grande-Synthe: interpellation du mineur agressé ce week-end

La photo de Philippe, tué lors d'une agression entre les 15 et 16 avril 2024 à Grande-Synthe, tenue lors de la marche blanche organisée en sa mémoire le 19 avril. - BFMTV
Cousin d'un des deux mis en examen, agressé durant le week-end dans des circonstances troubles, un mineur de 15 ans a été placé en garde à vue dans l'enquête sur l'agression mortelle de Philippe Coopman, battu à mort le 16 avril à Grande-Synthe.
Cet adolescent, "victime de faits de violences ce week-end", a été interpellé lundi, a indiqué la procureure de Dunkerque Charlotte Huet, se refusant à toute autre communication "d'ici la fin de la garde à vue". "Le soulagement, on l'aura quand on saura que tout le monde a bien été arrêté", a réagi Kelvyn Coopman, grand frère de Philippe.
"On ne sait pas s'ils étaient trois, quatre, cinq, six... Il faut démanteler tout ce groupe de sauvages et les faire parler."
Deux mineurs, âgés de 14 et 15 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire vendredi pour l'assassinat de Philippe Coopman, jeune homme de 22 ans, mort mardi des suites de coups portés à la tête, un décès qui a provoqué une vive émotion.
Il existe, à ce stade de l'enquête, des raisons de penser qu'il s'agit d'un "meurtre aggravé par la circonstance de guet-apens", avait expliqué vendredi Charlotte Huet en conférence de presse.
"Psychose"
Selon un témoin, cité par une source policière peu après les faits, Philippe Coopman a été agressé par trois personnes alors qu'il était au téléphone. Elles lui auraient dérobé son appareil avant de prendre la fuite, avait rapporté cette source.
"D'autres suspects" sont recherchés, avait souligné la procureure vendredi en conférence de presse. Auditionné par les enquêteurs, l'homme au téléphone avec Philippe Coopman pendant l'agression avait "entendu plusieurs personnes dire qu'il fallait encercler la victime pour éviter qu'elle ne s'enfuie", avait-elle rapporté.
Selon une source policière, l'adolescent interpellé lundi avait été retrouvé nu sur la chaussée par un automobiliste après une agression dans la nuit de vendredi à samedi, disant avoir été attaqué par deux personnes encagoulées, alors qu'il avait rendez-vous via un réseau social. Il souffre de blessures entraînant une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à huit jours, d'après la procureure.
"Je renouvelle mon appel au calme et souhaite que le sentiment de vengeance de certains s'estompe le plus vite possible", avait réagi dans la foulée le maire socialiste de Grande-Synthe, Martial Beyaert, appelant la population à "ne pas céder à une certaine forme de peur, voire de psychose". Le préfet du Nord avait lui demandé à la police nationale de renforcer le dispositif de sécurité à Grande-Synthe.
Cocoland
Les obsèques de Philippe Coopman, animateur dans des centres de loisirs et qui devait bientôt travailler chez Amazon, auront lieu mercredi à 14h30. Les deux mis en examen ont reconnu en garde à vue avoir "fixé un rendez-vous" à la victime sur un parking près d'une supérette.
Ils ont pour cela eu recours à "un site internet de rencontre dénommé Cocoland, en se faisant passer pour une jeune fille mineure", jugeant "répréhensible" de répondre à une telle annonce, avait indiqué la procureure vendredi.
"C'est leur version", avait-elle insisté, soulignant que "des effets ont été dérobés" lors de l'agression, ce qui pourrait aussi constituer leur mobile.
Elle a révélé l'existence d'une enquête sur "d'autres agressions" dans des circonstances similaires, "après des rendez-vous" sur Cocoland, et appelé toute victime potentielle à se manifester.
Selon sa famille, Philippe Coopman a été victime d'une méprise et n'était pas la personne visée par ses agresseurs.
"Philippe était un jeune homme serviable, aimant et aimé de tous. Des criminels s'en sont pris à un innocent et l'ont laissé pour mort sur le bitume. Pour quoi ? Pour rien", avait dénoncé un de ses amis, Yacine, à l'issue d'une marche blanche qui a réuni 1.500 personnes vendredi matin.