On a peur que ça finisse en une sorte de guerre civile: inquiétude au nord de Paris après l'arrivée des toxicomanes expulsés de StalinCrack
Ce sont des nouveaux voisins dont ils ne veulent pas. Depuis vendredi, les habitants de Pantin et d'Aubervilliers cohabitent avec une centaine de consommateurs de crack.
Parqués dans un square Porte de la Villette dans le 19e arrondissement de Paris par la préfecture de police, ils seraient entre 150 et 200 à avoir été déplacés "temporairement" du jardin d'Eole, précise les autorités.
Dans le quartier de Pantin où ils sont désormais présents, leur présence remarquée exaspère déjà riverains et commerçants.
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"Ils me demandent de l’argent"
Sur les trottoirs, on les repère vite. Le pas claudicant, et avec sans cesse cette question qui revient en abordant les passants: “Ils viennent vers moi et ils me demandent de l’argent”.
Samira revient du marché, elle habite Pantin depuis 20 ans. “Chaque fois que je passais, ils me demandaient de l’argent. Je me disais, mais ils viennent d’où ceux-là. J’ai jamais vu ces têtes-là. C’est dangereux, on est en danger”, estime-t-elle.
Poussés par le manque, les "crackeux" s'aventurent jusque dans les commerces, prêts à tout pour se payer une dose. Karim tient une boulangerie à deux pas du square.
"Il y en a un qui est venu, il voulait donner son téléphone pour 10 euros. Je lui ai dit que je ne voulais pas que je ne voulais ni de son téléphone ni de lui et je lui ai demandé de sortir”, explique-t-il.
Un risque de violence accru?
Des scènes qui ont lieu au milieu des autres clients, effrayés et sans autre choix que de déserter leur commerce de quartier. “J’ai des clients, et notamment des femmes qui m’ont dit qu’ils ne vont plus venir, que c’est la dernière fois. Parce qu’ils ont peur”, reprend le commerçant.
Un mur pour éviter les contacts entre consommateurs et riverains a été construit à la hâte, mais il ne changera rien alerte Mathilda. Pour cette membre du collectif "Anti-crack 93", l'écosystème du quartier est déjà bouleversé, et il y a de quoi s'inquiéter.
“Il y a des gens ici qui ne vont pas se laisser faire et qui vont aussi rétorquer par la violence. On a peur de ça parce qu’on va être face à des individus qui sont déjà violents de base à cause de la prise de drogue et d’autres qui ne vont pas se laisser faire. Et on a peur que ça finisse en une sorte de guerre civile un petit peu”, assure-t-elle.
Ce collectif a convoqué une mobilisation mercredi pour demander le départ de cette centaine de consommateurs de cracks.