“On travaille la boule au ventre”: à Toulon-La Farlède, les agents pénitentiaires sous le choc après des tirs

Depuis le week-end, plusieurs établissements pénitentiaires à travers la France ont été visés par des attaques coordonnées. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu mardi après-midi au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède (Var), touché par des tirs à l’arme automatique, afin d’apporter son soutien aux agents.
Au total, 21 véhicules ont été tagués et/ou incendiés depuis dimanche soir, selon une source policière. Les premiers faits sont survenus à l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap) d’Agen (Lot-et-Garonne), où sept véhicules ont été “détruits ou dégradés en raison d’un incendie”, a précisé le parquet local.
Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs personnes ont ouvert le feu à l’arme automatique sur la porte d’entrée du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, après être arrivées en véhicule, a indiqué le procureur de Toulon, Samuel Finielz.
"On a d’abord cru à des feux d’artifice”
“Aux alentours de 00h30, on a entendu plusieurs bruits comme des tirs en rafales, mais on a d’abord pensé que c'étaient des feux d’artifices, car on en a souvent. On a contacté plusieurs collègues pour en savoir plus et l’une d’entre elles, qui se situe à la porte d’entrée principale, ne nous a pas répondu, ce qui nous a inquiété”, raconte Rayan*, un agent pénitentiaire de Toulon.
Avec sa consoeur Yasmine*, ils décident alors de se rendre à l’entrée pour comprendre la situation. “On est arrivés à la fin des tirs et c’est là qu’on a trouvé notre collègue cachée sous le bureau avec un impact de balle sur la vitre.” Yasmine poursuit: “elle était tremblante et en état de choc. On s’attendait à tout sauf à ça.”

Une tension constante depuis Incarville
Depuis l’évasion de Mohamed Amra au péage d’Incarville, qui a couté la vie à deux personnes en mai 2024, les agents vivent dans un climat d’alerte permanent. “On est sur le qui-vive depuis cette histoire. Le danger peut survenir à tout moment, et on vit dans la peur”, confie Yasmine, qui affirme malgré tout être fière de porter l’uniforme.
Ce mardi, les deux agents doivent reprendre leur service au centre pénitentiaire. “Ce soir, on refait la nuit avec la boule au ventre. Mais on continuera de travailler, de montrer qu’on est là et qu’on n’a pas peur”, concluent-ils.
Les enquêteurs de l'antiterrorisme cherchent toujours à identifier les auteurs des attaques. À Toulon, où il s'est rendu pour rencontrer les agents pénitentiaires, Gérald Darmanin a déclaré qu'il n'y avait "pas eu de revendication". Le garde des Sceaux, qui n'a pas fait de commentaires sur une éventuelle implication de l'ultragauche, a insisté sur les actions engagées contre le narcotrafic, incluses dans une proposition de loi promise à une adoption prochaine au Parlement. Des mesures qui, affirme-t-il, "manifestement stressent le monde de la criminalité organisée".
*Les prénoms ont été modifiés.