"Il y a des parents qui démissionnent aussi": quelle responsabilité des familles et pouvoir publics dans les quartiers "sensibles"?

A Alençon, un guet-apens a été tendu par des jeunes à des policiers et pompiers dans la nuit de mardi à mercredi. Des forces de l'ordre ont été ciblées par des tirs de mortiers d'artifice et 13 voitures incendiées dans le quartier de Perseigne situé dans le sud-est de la ville. Aucun blessé n'est à déplorer.
Une nuit de violence qui fait suite selon la police à l'interpellation mardi "de deux personnes pour trafic de stupéfiants". De nombreux renforts ont été déployés la nuit dernière pour sécuriser le quartier. La nuit dernière a été calme.
Vient désormais le temps des questions: à qui la faute ? Le maire de la ville, Joaquim Pueyo, pointe la responsabilité des familles, les parents d’enfants mineurs dans le quartier, accusés de laxisme.
"Ce n'est pas parce que les parents sont mauvais. Il n'y a personne qui les aide !
Dans le quartier de Perseigne où ont lieu ces affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, la question divise les habitants. Elles ont grandi dans le même quartier, ont toutes les deux 3 enfants et pourtant, Samira et Saïda s’écharpent sur un banc en parlant de la responsabilité des parents.
Dans le quartier, on les aperçoit ces jeunes, traîner sur leurs vélos, faire des tours en moto, pendant des heures, sans que personne ne s’en inquiète, et ça, Samira le voit bien.
"Il y en a qui sont laissés à l'abandon parce que les parents ils ont démissionné aussi, c'est pas parce que les parents sont mauvais. Il n'y a personne qui les aide ! Si personne ne les aide les enfants ils ne vont pas faire des bacs +10"
Même les grands frères du quartier sont perplexes. Samir, est l’un d’eux, et il l’avoue ils n’arrivent plus à communiquer avec les "petits" comme il les surnomme.
"On peut pas les comprendre, ces petits-là ils sont perdus. Je ne sais pas. Ils n'ont pas le bons repères..."
"Il ne faut pas dire qu'ils sont perdus. Il y a quelque chose de plus fort que ça: une volonté de gagner de l'argent facile"
Mais dire que les jeunes du quartier de Perseigne, sont perdus, ce n’est pas un argument recevable pour le maire d’Alençon Joachim Pueyo. Au-delà du cercle familial, explique le maire, la ville offre des échappatoires.
"Je suis pas d'accord quand on dit qu'ils sont complètement perdus. Un jeune mineur il doit aller au collège, au lycée. A Alençon, on a toutes sortes d'activités sportives et culturelles. Donc il ne faut pas dire qu'ils sont perdus. Il y a quelque chose de plus fort que ça: une volonté de gagner de l'argent facile, avec une économie souterraine très grave qui perturbe l'équilibre républicain."
Le maire demande également une réponse pénale plus sévère de la part des autorités, pour éviter que ces incidents ne se répètent.
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