"On nous a dit de repasser": à Marseille, porter plainte est difficile à cause des policiers absents

Porter plainte est devenu difficile à Marseille. De nombreux policiers de la cité phocéenne sont en arrêt-maladie, protestant contre le placement en détention d'un de leur collègue, accusé de violence sur le jeune Hedi, roué de coups et laissé pour mort dans la rue pendant les émeutes.
Devant les commissariats de la ville, rares sont ceux qui ont pu déposer plainte: "On nous a refusé la plainte", raconte à RMC Mathias, venu pour un vol de sac. "On nous a dit de repasser demain parce qu’ils sont en sous-effectif. On doit attendre du coup", ajoute-t-il.
"Ils ne devaient pas recueillir les plaintes, sauf urgence"
Dans ce commissariat, trois-quarts des effectifs manquent à l’appel. Alors, les fonctionnaires sont contraints de filtrer les plaintes, selon les motifs. Akram et Bianca se sont fait cambrioler, et ont pu être reçus: "Ils nous ont dits qu’ils sélectionnaient les plaintes, en fait. Et vu notre situation, ils nous ont pris. Normalement, ils ne devaient pas recueillir les plaintes, sauf urgence".
Imane, elle, accompagne son fils qui s’est fait agresser. Si eux aussi ont pu déposer leur plainte, ce mouvement au sein de la police les inquiète. Ce week-end, après les faits, ils ont dû attendre plus d’une demi-heure pour être pris en charge par le 17.
"On a peur. Mon fils est mineur, il se fait agresser, c’était un peu inquiétant pour nous d’appeler le 17 et qu’on ne nous réponde pas. J’ai suivi un peu l’histoire mais je ne comprends pas, quand même, c’est la police. On compte sur eux on est en France. Franchement, c’était un peu compliqué", explique-t-elle.,
"Mes collègues sont à bout"
Et les jours à venir pourraient être tout aussi compliqués. Les syndicats de police prévoient des arrêts-maladies encore plus nombreux. "Mes collègues sont à bout", défend sur RMC et RMC Story, Sébastien Greneron, secrétaire départemental des Bouches-du-Rhône du syndicat Alliance Police Nationale.
"Les commissariats étaient quasi à l'arrêt avec très peu de patrouilles ce week-end", précise-t-il, appelant à ce que le calme revienne et que le policier en détention provisoire soit libéré le plus vite possible pour un retour à la normale dans les commissariats marseillais.
Un vœu également émis par le patron de la police nationale qui a appelé à sa libération dans les colonnes du Parisien: "Le savoir en prison m'empêche de dormir", a assuré Frédéric Veaux, avant de recevoir le soutien de Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris.