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Police-Justice

Policier en détention à Marseille: pourquoi les propos du patron de la police font polémique

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En visite à Marseille, le patron de la police Frédéric Veaux fait polémique alors qu'un mouvement de contestation est en cours dans les commissariats après le placement en détention provisoire d'un policier accusé de violences. Il affirme qu'un policier "n'a pas sa place en prison" avant un procès.

Les commissariats tournent au ralenti à Marseille. Plusieurs centaines de policiers ont décidé de se mettre en arrêt-maladie après le placement en détention provisoire de l'un de leur collègue, soupçonné de violence en réunion lors des émeutes début juillet à Marseille.

Des policiers qui ont reçu un soutien de poids. "Le savoir en prison m'empêche de dormir" a déclaré Frédéric Veaux, le patron de la police nationale. Dans les colonnes du Parisien, il réclame sa libération. Des propos qui suscitent la polémique.

Mais ce soutien de sa direction “est aujourd’hui primordial”, réagit Eddy Sid, délégué Unité Police FO Marseille.

“Il a contextualisé les choses. C’était un climat quasi-insurrectionnel que mes collègues ont vécu sur Marseille”, indique-t-il.

Un contexte qui justifie, pour lui, les violences des policiers. Il l'assure, ce n'est pas un traitement de faveur. “Ce n’est pas une obstruction à la justice. Par contre, effectivement, l’incarcération n’était pas judicieuse”, estime-t-il.

"C'est de la délinquance"

Une justification qui ne convainc pas Patrick Baudouin, le président de la Ligue des droits de l'Homme. “Pourquoi les policiers bénéficieraient d’une sorte d’impunité?”, appuie-t-il. Les propos du chef de la police, il les qualifie d'inadmissibles.

“C’est tout de même, de la part de la police, affronter en quelque sorte la justice. Et quand je lis qu’un policier peut commettre des erreurs d'appréciation et qu’il faudrait faire preuve d’une certaine indulgence... Tabasser quelqu’un qui est déjà gravement blessé, qui est à terre, j’appelle ça aussi de la délinquance”, appuie-t-il.

D'autant que les sanctions envers les policiers sont rares, note le président de la LDH, qui voit ces poursuites comme une évolution salutaire.

Solène Gardré avec Guillaume Descours