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Plainte collective contre les centres dentaires Dentexia: "Je ne pouvais pas sourire pendant 2 ans"

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Une plainte collective est déposée ce dimanche contre les centres dentaires Dentexia, entre autres pour mutilations et soins interrompus. Certaines victimes sont toujours sans dents, 9 ans après le début de l'enquête, désormais point mort. "J'ai vécu pratiquement cloîtrée pendant 2 ans", témoigne l'une d'entres elles sur RMC.

Mutilations, soins interrompus, escroquerie: une association regroupant des victimes des centres dentaires low-cost Dentexia déposent ce dimanche une plainte collective auprès du ministère de la Justice, et lundi au tribunal judiciaire de Paris, pour tenter de relancer l'enquête ouverte en 2016, "au point mort".

Dentexia, liquidée en 2016 après quatre ans d'exercice, regroupait sous la forme d'une association divers centres dentaires notamment à Paris, Lyon, Vaulx-en-Velin (Rhône) ou Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire). 

Plus de 1.500 plaintes déposées

Toutes plaignent de soins inachevés ou d'escroqueries, voire de mutilations par les cabinets Dentexia. Des cabinets qui, entre 2012 et 2015, proposaient des soins "à bas coût", à condition de les payer d'avance. Les devis étaient alors gonflés jusqu'à des sommes à cinq chiffres.

L'objectif: proposer le plus d'implants possibles aux patients. Et ce sans jamais respecter les protocoles dentaires habituels. Résultat, certains ont payé pour des soins jamais reçus, d'autres souffrent de douleurs ou d'infirmité permanentes. Au total, ce sont plus de 1.500 plaintes qui ont été déposées contre Dentexia.

Mais depuis sa liquidation et la mise en examen de son fondateur, aucun procès n'a vu le jour et en neuf ans, seule la moitié des victimes ont obtenu une aide à la reprise des soins. C'est en 2014 que Thérèse* pousse la porte de Dentexia. Ses dents bougent. On lui promet alors de toutes les remplacer par des implants. Seuls quatre lui seront posés. "Je suis restée 2 ans avec quatre implants sur le haut et rien sur le bas, une horreur", témoigne-t-elle auprès de RMC.

"Déni de justice"

Elle a pourtant réglé l'ensemble des soins, 16.000 euros payés d'avance. Sans nouvelles du cabinet, cette patiente s'alimente à la paille pendant deux ans. "Dès que je parlais, on voyait quatre ferrailles qui sortaient. Je ne pouvais pas sourire, je ne pouvais plus aller nulle part, pendant 2 ans, j'ai vécu pratiquement cloîtrée", se désole-t-elle. Elle a porté plainte mais aucun procès n'a été ouvert depuis.

Tout comme pour les autres victimes. "C'est un problème fondamental de déni de justice", fustige Abdel Aoucheria au micro de RMC, l'une des victimes à l'initiative de la plainte collective déposée ce dimanche. "On a quand même le sentiment que sans de piqûre de rappel, on arriverait à rien. Pendant ce temps, certaines victimes décèdent et d'autres ont des difficultés insumontables. Certaines n'ont toujours pas leurs dents. La plupart sont débasusées.

"On ne lâchera rien"

Du fait notamment "du caractère massif" du dossier, la justice, "qui manque de moyens", peine à faire son travail, et "le (troisième) juge d'instruction qui a repris l'affaire, et reçu l'association en mai 2024, n'est pas certain de pouvoir" établir les responsabilités, regrette-t-il auprès de nos confrères de l'AFP.

Déterminé, il conclut: "On ne lâchera rien" car selon lui, sans procès pour le scandale Dentexia, d'autres pourraient suivre. Une dizaine de membres de l'association effectueront dimanche une action symbolique: ils diffuseront une composition d'art sonore réalisée à partir des voix d'une soixantaine de victimes, avant de déposer la plainte au ministère. Lundi, la plainte sera officiellement envoyée en recommandé au tribunal judiciaire de Paris.

*Nom d'emprunt

Caroline Renaux avec Léo Manson