Plaintes contre les centres dentaires low cost Dentexia: "Terrible de travailler dans de telles conditions"
Soins mal faits ou non réalisés, plaintes de patients en cascade, fermetures pour manque d'hygiène: les centres dentaires low cost Dentexia sont sur la sellette. Plus précisément, plus de 1.200 patients soignés par les centres dentaires Dentexia à Paris, Lyon, Marseille ou encore Chalon-sur-Saône se retrouvent aujourd'hui sans dents et sans prothèses, alors qu'ils ont avancé tous leurs frais de santé, en s'endettant parfois sur plusieurs années. Une situation jugée ce vendredi par le tribunal de commerce d'Aix-en-Provence qui va dire s'il place en liquidation judiciaire le groupe dentaire Dentexia ou s'il y a un repreneur.
Et, ce vendredi sur RMC, Isabelle une ancienne salariée du centre Dentexia de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon, raconte ce qu'elle a vécu et prend la parole pour dénoncer des pratiques financières et morales douteuses. Elle explique notamment avoir été formée pour choisir les patients les plus rentables. "J'ai été effectivement recrutée pour cela, confirme-t-elle. Une personne qui avait une rage de dents ou une carie, on ne la prenait pas. Le but, c'était les implants pour gagner de l'argent car c'est ce qui rapporte le plus".
"Ils se moquaient du monde"
"L'objectif était de faire 90.000 euros par mois", poursuit-elle. Des implants, des couronnes que plusieurs centaines de patients n'ont jamais vus. Et pour cause, "on s'est retrouvés plusieurs fois heurtés à des problèmes de fournitures, car la clinique ne payait pas forcément ses fournisseurs", explique Isabelle. "J'ai vu des patients qui avaient vraiment de gros problèmes de dents et qui, au bout de quatre ans, n'avaient toujours pas leurs dents. Et ce alors qu'ils avaient payé puisque tous les soins étaient payés d'avance", accuse-t-elle.
Des frais allant parfois jusqu'à "13.000, 16.000 voire 18.000 euros". "Ils se moquaient du monde", assure encore cette ancienne conseillère. Du côté de Dentexia, on justifie ces méthodes de règlement par la nécessité de soigner au mieux les patients. "C'est comme si vous tombiez sur un patient qui a le cancer avec des métastases et que, à chacun, vous dites que vous n'allez soigner qu'une partie du cancer, défend Philippe Rudyard Bessi, l'avocat du groupe dentaire. Proposer la totalité des soins nécessaires, telle était la politique prônée par Dentexia". Et d'insister: "C'étaient des soins médicalement nécessaires", insiste-t-il.
"Ce genre d'attitude ne devrait pas exister en France"
Autre souci pour Dentexia: l'hygiène. A Lyon comme à Chalon-sur-Saône, les Agences Régionales de Santé ont fermé deux centres pour des insuffisances. Et là encore, Isabelle en a été témoin: "On se heurtait à des problèmes de matériel. Par exemple, de ce que j'ai vu, l'appareil pour prendre les empreintes n'était pas stérilisé à chaque fois parce qu'il n'y en avait pas suffisamment". L'ancienne conseillère clinique a aujourd'hui le sentiment d'avoir été bernée, au même titre que les patients floués.
"C'était terrible de travailler dans de telles conditions, assure-t-elle. Quand je suis partie, j'avais même envie d'appeler des patients en leur disant d'arrêter de venir, d'exiger le remboursement des soins qui n'avaient pas été faits". "Ce genre d'attitude ne devrait pas exister en France, conclut-elle. C'est une honte". Le dossier pourrait aussi prendre une tournure pénale car des praticiens de Dentexia n'avaient pas les qualifications nécessaires pour exercer selon l'Ordre des Chirurgiens Dentistes, qui a porté plainte.