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Police-Justice

Policier en détention provisoire: les propos d'Emmanuel Macron vont-ils calmer la fronde?

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Après les propos polémiques du chef de la police, Frédéric Veaux, qui a affirmé qu'un policier n'avait pas sa place en prison, Emmanuel Macron lui a répondu ce lundi.

Emmanuel Macron, lors de son interview télévisée ce lundi, est revenu sur les propos polémiques du directeur général de la police. Dans une interview au Parisien, Frédéric Veaux a estimé qu'"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison". Des propos qui faisaient suite à la grogne des policiers marseillais, après le placement en détention provisoire d'un de leurs collègues soupçonné d'avoir passé à tabac un jeune homme lors des émeutes.

Sans commenter directement ces propos, le président a donc dit comprendre l'émotion des policiers, avant de marteler que “nul, en République, n'est au-dessus de la loi”.

D'après l'Élysée, le président de la République est dans son rôle. Il s'est exprimé en tant que garant des institutions. "C'est en réalité le maximum de ce qu'il pouvait dire", estime un député de la majorité, persuadé qu'il faut voir dans les propos d'Emmanuel Macron une forme de recadrage.

Et pour le député Renaissance Mathieu Lefèvre, il est normal que le président rappelle le plein soutien de l'Etat aux forces de l'ordre, tout en garantissant l'Etat de droit.

“Le président est le garant des institutions. Il est le garant notamment de l’indépendance de l’autorité judiciaire. C’est bien légitime qu’il s’exprime en ce sens. Il y a un Etat de droit et dans celui-ci, il y a la présomption d'innocence. C’est-à-dire qu’il n’y a pas la présomption de culpabilité pour nos forces de l’ordre. Maintenant, il y a une décision judiciaire qui a été prise. On peut la regretter, mais quand on est président de la République, on n’a pas à la commenter. Il y a une indépendance de l’autorité judiciaire qui doit être respectée”, appuie-t-il.

Une condamnation trop légère?

Reste qu'au sein-même des troupes macronistes, plusieurs voix se font entendre après les propos du patron de la police. Des élus estiment qu'après tout, c'est "normal qu'il défende ses troupes", quand pour d'autres, Frédéric Veaux est allé trop loin et appellent au respect des décisions de justice.

Ce qui est sûr, c'est que tous voient dans les propos d’Emmanuel Macron et dans ceux de l'exécutif un moyen de calmer la gronde des policiers. Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on répète en tout cas que le directeur de la police nationale a "toute la confiance" de Gérald Darmanin.

Une position d'équilibre du président qui ne convainc pas dans les rangs de La France insoumise. La députée LFI Alma Dufour aurait aimé une condamnation plus forte de la part du chef de l'Etat.

“On s’attendait à ce qu’il rappelle que les policiers ne sont pas au-dessus de la loi, c'est la moindre des choses. On est dans un Etat de droit, c’est le président. Par contre, on s’attendait à des sanctions au moins verbales, un rappel à l’ordre, explique-t-elle. Remettre en cause une décision du juge des libertés, c’est franchir une ligne. Nous, on pense qu’il y a une tentative de jouer sur les deux tableaux, c’est-à-dire Gérald Darmanin dans le rôle du bad cop, l’ami des policiers, et Emmanuel Macron, le garant de l’Etat de droit, un peu en hauteur. Mais finalement, on n’envoie pas de messages clairs donc c’est un peu brouillé."

Hélène Terzian avec Guillaume Descours