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Interview d’Emmanuel Macron: ce qu’il faut retenir

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Emmanuel Macron a répondu aux questions de TF1 et France 2 ce lundi, depuis Nouméa (Nouvelle-Calédonie), en faisant notamment le bilan des émeutes du début de l’été.

Le choix de la "confiance" et "l’efficacité" avec Elisabeth Borne

Depuis Nouméa (Nouvelle-Calédonie), Emmanuel Macron réaffirme avoir fait "le choix de la confiance, de la continuité et de l’efficacité" en maintenant Elisabeth Borne au poste de Première ministre. "Durant ces 100 jours, le gouvernement, le parlement et le pays tout entier ont avancé, souligne le chef de l’Etat. Moi-même, je n’ai cessé de prendre des décisions et de me déplacer à travers le territoire. Il y a 100 jours, on nous expliquait que le pays serait à l’arrêt, qu’il n’y aurait plus de déplacement possible sans les casseroles. Je n’ai cessé de me déplacer, nous avons lancé de nouveaux chantiers indispensables, avec aussi de vrais résultats."

"Pas de majorité de rechange" à l’Assemblée

Emmanuel Macron assure qu’Elisabeth Borne a tenté d’élargir la majorité à l’Assemblée, sans succès. "Je ne crois pas aux coalitions formelles et ce qu'il s'est passé ces derniers mois l'a démontré. Ensuite, il n'y a pas eu la formalisation d'accords de gouvernement même avec des groupes parlementaires. La Première ministre a pourtant essayé", explique le président de la République, qui estime qu’il n'y a "pas de majorité de rechange" à l’Assemblée, après les échecs des motions de censure contre la cheffe du gouvernement.

"Il y a eu des majorités d'échanges et texte par texte, le gouvernement a su bâtir des majorités pour les faire passer, explique-t-il. Au moment où je parle, nous avons fait voter plus de textes qu'il y a cinq ans au même moment, soit 49 depuis le début de cette nouvelle mandature. Les résultats sont là et on avance", vante Emmanuel Macron.

La leçon des émeutes: "l’ordre, l’ordre et l’ordre"

Emmanuel Macron dénonce à nouveau "des violences absolument inqualifiables" après la mort du jeune Nahel à Nanterre. Et prône le retour durable à l’ordre républicain. "Nous avons vu des scènes qui ont heurté tous nos compatriotes, confie-t-il. C’est le retour à l’ordre qui a prévalu. Je veux ici féliciter le ministre de l’Intérieur, nos policiers, nos gendarmes, nos-sapeurs-pompiers qui avec beaucoup de courage ont été là pendant ces quatre nuits d’émeutes. Je veux aussi remercier nos policiers municipaux. Cela a été un déploiement inédit, avec 45.000 forces de sécurité intérieure. Cela a permis de mettre fin à ces émeutes en quatre jours. En 2005, cela avait duré plus de trois semaines et cela ne s’était terminé que parce qu’on avait pris l’état d’urgence. Nous avons su mettre fin à ces émeutes au bout de quatre jours sans prendre de mesure restrictive pour la liberté de chacun et chacune. On a eu aussi une réponse judiciaire implacable."

"Ensuite, quand on regarde ce qu’il s’est passé, on a eu beaucoup de jeunes, 16 ans de moyenne d’âge, qui n’étaient pas connu de la justice pour une très large majorité et avec un cadre familial fragilisé pour l’écrasante majorité, ajoute Emmanuel Macron. Cette violence, elle est le fait de certains de nos compatriotes extrêmement jeunes, parfois manipulés. La leçon que j’en tire, c’est l’ordre, l’ordre, l’ordre. La deuxième, c’est que notre pays a besoin d’un retour de l’autorité à chaque niveau et d’abord dans la famille. On doit responsabiliser et accompagner certaines familles. Et on doit réinvestir massivement sur notre jeunesse pour lui redonner un cadre."

Les policiers "pas au-dessus de la loi"

Alors qu’un vent de fronde souffle sur la police marseillaise, après le placement en détention provisoire d’un membre de la BAC, Emmanuel Macron rappelle que "nul n’est au-dessus de la loi", tout en comprenant "l’émotion" des forces de l’ordre. "Nos policiers et gendarmes ont été présents face à un déferlement de violence inédit, souligne-t-il. 900 d'entre eux ont été blessés et 28 enquêtes ont été lancées par l'IGPN et l'IGGN. Je ne veux pas qu'on se trompe de débat et je comprends l'émotion des policiers confrontés à la violence la plus extrême. Je peux entendre cette émotion tout en faisant respecter l'état de droit pour tous. Nul en République n'est au-dessus des lois."

La hausse "proportionnée" du prix de l’électricité

Au 1er août, le tarif réglementé de l’électricité va augmenter de 10%. "Le gouvernement continuera d’accompagner de manière adaptée les ménages les plus modestes, mais en effet des hausses sont passées, explique Emmanuel Macron. L’augmentation des prix de l’énergie, c’est une taxe de l’intérieure. La nation a investi environ 40 milliards d’euros pour absorber ce choc. C’est quelque part le contribuable qui va payer, par plus de dette et in fine plus d’impôts dans les décennies à venir, parce que cette dette, on la paiera tous. Je sais que cette hausse de l’été est importante pour beaucoup de nos compatriotes qui sont déjà dans la difficulté. Mais je pense que c’est une décision proportionnée." Emmanuel Macron souligne les efforts de la France pour produire davantage d’électricité, avec ses centrales nucléaires, et obtenir une réglementation européenne plus favorable.

La baisse des impôts "confirmée"

Après avoir rappelé les investissements pour l’éducation, l’environnement ou encore l’industrie, Emmanuel Macron assure avoir toujours l’intention de diminuer les impôts des classes moyens d’ici la fin de son second quinquennat. "Je confirme cette décision (de baisser les impôts de 2 milliards d’euros pour les classes moyennes, ndlr). Elle est travaillée par le gouvernement, en particulier le ministre des Finances. Elle sera inscrite dans la loi pluriannuelle de finances publiques. C’est dans les prochaines semaines, en finalisant les consultations, que le gouvernement aura à donner le détail et les éléments de calendrier de cette décision. Ce sera la même chose pour l’impôt de production, pour les entreprises", assure le chef de l’Etat.

"Bon espoir" pour la loi immigration

Prochain grand enjeu de la bataille à l’Assemblée, la loi immigration est attendue à la rentrée. Et Emmanuel Macron compte sur un accord avec les oppositions. "Je pense que le gouvernement a la volonté de bâtir avec toutes les oppositions constructives, indique-t-il. Si nous n’avons pas réussi à enclencher ce texte (pendant les 100 jours), c’est parce qu’il y a eu un souhait qui a été exprimé par plusieurs forces politiques de mettre sur la table leur propre texte, leur propre réforme. Donc le gouvernement a fait un texte très complet, très équilibré. Notre objectif, c’est de réduire les entrées, lutter contre les trafiquants et les réseaux d’immigration illégale, et mieux intégrer les femmes et les hommes qui contribuent à la force de notre pays et travaillent dans beaucoup de secteurs qui en ont besoin. Ce texte est complet, réaliste. Il y a aussi le travail européen. On doit mieux protéger les frontières communes de l’Europe. Et nous, on doit réformer notre droit. Dès la rentrée, le ministre de l’Intérieur a la responsabilité, avec d’autres ministres, de travailler avec la majorité relative à l’Assemblée et aussi avec les forces d’opposition qui ont fait des propositions, pour bâtir un texte qui aura à cheminer d’abord au Sénat puis à l’Assemblée. J’ai bon espoir que les oppositions républicaines qui veulent que le pays soit mieux protégé dans ses frontières, ait moins d’immigration clandestine, raccompagne mieux ceux qui n’ont rien à faire chez nous, troublent l’ordre public ou sont dangereux, et intègre mieux ceux qui sont là et aident la nation à réussir, nous aident à bâtir un texte en bonne foi. Il faut aborder ce moment politique avec détermination, sincérité, engagement. Après, la constitution prévoit des chemins pour les textes. J’aurai la responsabilité que l’efficacité soit au rendez-vous."

LP