Violences policières: les lanceurs de balles de défense sont-ils trop dangereux?
Le lanceur de balles de défense et le flashball sont-ils trop dangereux à utiliser lors des manifestations ? 1.700 manifestants ont été blessés depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", certains très grièvement à cause de tirs de LBD justement. Le site Checknews a en effet compté 94 blessés graves dont 69 à cause des LBD.
Le directeur de la police nationale a rappelé mardi les conditions très strictes de l'utilisation de ces armes, dans une note envoyée aux directions des forces de l'ordre. Les tirs doivent être proportionnés et ciblés: à une distance de 7 à 10 mètres minimum selon LBD ou Flashball, et ne jamais viser la tête ou les parties intimes.
"Mon ami m'a dit que je suis tombé d'un coup par terre"
Chaque weekend, les vidéos de victimes font le tour des réseaux sociaux et alimentent la défiance envers ces armes. Lundi, le préfet de Gironde a saisi l'inspection générale de la police nationale (IGPN) après la diffusion de vidéos montrant un gilet jaune blessé à la tête à Bordeaux samedi.
Les conditions d'utilisation des armes ne sont pas toujours respectées. Nous avons rencontré une victime de la puissance de cette arme, Sébastien. Samedi après-midi, il était sur les champs Elysées avec son gilet jaune, quand il a été blessé au visage par un tir de flashball.
"Je l'ai même pas vu venir ! je faisais même pas attention vu que j'étais au téléphone. Mon ami m'a dit que je suis tombé d'un coup par terre."
Il est resté 4 jours à l'hôpital et risque des séquelles à vie avec une fracture à la mâchoire qui est déplacée, cinq dents cassées, une plaque et des vis dans la mâchoire.
"Les policiers peuvent sur-réagir, peuvent vouloir se venger parce qu'ils ont pris un pavé sur la tête"
Sébastien compte porter plainte contre la police et demande au gouvernement d'arrêter l'usage des lanceurs de balles de défense. Une arme difficile à utiliser, explique Sébastien Roché, directeur de recherche au CNRS.
"Les policiers peuvent méconnaître une situation et mal l'interpréter. Les policiers peuvent sur-réagir, peuvent vouloir se venger parce qu'ils ont pris un pavé sur la tête. On ne peut pas être certains que l'arme soit utilisée exactement en suivant les instructions réglementaires."
Et d’après ce spécialiste du maintien de l’ordre, les suites judiciaires de ces violences policières prennent aujourd’hui une ampleur inédite.
"On n'a jamais dans le passé connu une documentation aussi précise et aussi exhaustive de l'utilisation de la violence par la police. Cela va avoir des conséquences face à l'opinion publique et aussi devant les cours de justice."
Selon le DG de la police nationale: environ 200 signalements avaient été transmis à l’IGPN vendredi pour des violences policières supposées, et 78 enquêtes judiciaires ouvertes.
Jeudi, le Défenseur des droits Jacques Toubon a demandé la suspension du recours aux lanceurs de balles de défense en raison de la "dangerosité" de ces armes.